Comment cet album peut-il bien s’articuler par rapport au Premier Voyage ?
Le thème de la tête ouverte est repris. Mathieu est remplacé par Simon, qui
va plus loin, puisqu’alors que Mathieu nous laissait espérer ou deviner ce qu’il adviendrait de lui, nous suivons Simon dans son train, et de là dans des villages sans nom, un amour sans but (celui de Léa), des questions sans réponses —la sempiternelle réflexion sur le sens de l’existence.
On a l’impression que le Premier Voyage n’était presque qu’un brouillon de celui-ci, un embryon de ce que Baudoin pouvait vouloir raconter d’une rupture. Ici, il montre que les gens qui sortent du moule n’ont pas leur place dans cette société. Cependant, ils sont peut-être (comme l’auteur lui-même ?) les garants de la vérité, ou d’une vérité ancestrale, ancrée dans la terre, hors des mots et du cartésianisme, ce qui est symbolisé par l’apparition des elfes et de la vieille dame (incarnation de l’arbre de la connaissance).
Sans doute, comme Thierry Smolderen l’a dit sur frab [1], les personnages sont tous gentils. Sans doute, la naïveté de cet amour à trois coeurs a de quoi agacer (personnellement, si j’étais amoureux de la même fille qu’un ami, je laisserais les sentiments nobles au vestiaire). Pour autant, Baudoin est coutumier d’un regard presque enfantin, voulant à tout prix voir le bien (cf. Mat). Et un peu de réconfort, dans ce monde de brutes, c’est toujours bon à prendre, non ?