Cases blanches, pages blanches

Minimalisme en bande dessinée : raconter sans l’image ?

Repéré dans Le minimalisme de Christian Rosset et Jochen Gerner :

BC par Johnny Hart, 1958 - « La pire tempête de neige que j’aie vu »

Ils racontent comment Alphonse Allais en son temps voit le monochrome comme une source de bons gags :

  • Il expose une toile toute blanche en 1883 qu’il nomme « Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige. »
  • Il réitère avec « Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la Mer Rouge », en rouge, l’année suivante.

Avec Érik Satie et Arthur Rimbaud, « il est un précurseur, un annonciateur de la modernité » [1].

Le reste du bouquin parle de gens qui ont voulu traiter le minimalisme sérieusement (Klein et Malévitch évidemment, et plein d’autres). Bref, bouquin très intéressant mais ce n’est pas de ça que je veux parler.

Je pense à John Byrne, qui :

  • fait une séquence toute noire après un effondrement dans [référence manquante, j’ai oublié],
  • fait une séquence toute blanche avec juste le tracé des cases et les onomatopées dans Alpha Flight
  • fait quelques pages sans case du tout, dans She-Hulk — elle tambourine derrière la page et finit par la déchirer.

J’aime bien quand on questionne avec du méta en rigolant plutôt qu’en théorisant – c’est mon côté enfantin.

(En vérité on ne raconte pas « sans dessin » puisque l’onomatopée et la bulle sont des représentations graphiques.)

Notes

[1Lire à ce sujet le joli billet de Michel, Communiantes chlorotiques & cardinaux apoplectiques.

Commentaires

  • nicod_ (5 février 2019)

    Je ne connaissais pas ces gags d’Alphonse Allais, quel talent !

    Je pense aussi à Bill Waterson avec Calvin et Hobbes, qui savait rendre vivant tout un paysage neigeux avec juste quelques traits, pour suggérer une courbe, avec une luge au milieu qui file donc très très vite.

    Frank Miller aussi, forcément, dans les Sin City notamment, dans certains aplats assez radicaux qui créent une sorte de vertige.

    Répondre à nicod_

  • Stéphane (15 février 2019)

    nicod_ : Oui mais Miller et Watterson font appel à d’autres mécanismes (tout aussi intéressants au demeurant) liés à la construction dans l’esprit du lecteur d’une image complète sur la base de « signes minimaux » (ou peu comme on fait quand on voit une aquarelle qui insinue plus qu’elle ne montre), alors que là c’est le vide complet.

    Mais je garde ton exemple sous le coude pour un de ces jours.

    Répondre à Stéphane

  • Arthur (7 mars 2019)

    Ca m’a tout de suite fait penser à "La bande pas dessinée", que je lisais y a un petit moment déjà. (L’auteur a arrêté de publier de nouvelles planches en 2012)

    http://www.labandepasdessinee.com/bpd/test

    Il s’est pas mal amusé avec ces codes de la BD, je conseille si tu connaissais pas.

    Répondre à Arthur

  • Stéphane (8 mars 2019)

    Arthur : Ah oui bien vu, j’avais oublié ce truc, merci !

    Répondre à Stéphane

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