Science-fiction récente : bandes dessinées

La suite des œuvres de science-fiction récentes que j’ai aimées, en bande dessinée cette fois.

Mathieu Bablet

Mathieu Bablet a écrit deux grandes et bonnes bandes dessinées (en tout cas pour moi) :

  • Shangri-La, la BD avec laquelle je l’ai découvert, qui a fait grand bruit. En résumé, l’histoire se passe dans une une station spatiale, qui est une usine géante où les employés fabriquent les nouveaux joujoux technologiques d’une mode qui change tout le temps, et avec l’argent gagné se nourrissent et… achètent les joujoux technologiques dernier cri. Si cette course circulaire à la consommation effrénée vous fait penser au monde moderne, ce n’est pas une coïncidence.
  • Carbone et Silicium, magnifique histoire de robots qui accèdent à la conscience et qu’on va suivre quelques siècles, tandis que leur philosophie s’affine. C’est brillant.

J’ai juste un ou deux petits bémols : Mathieu Bablet est parfois un peu verbeux dans la démonstration. Et on a du mal à faire la différence entre tous les personnages, souvent assez semblables.

Mais surtout ne vous laissez pas rebuter par ces bémols. Ses BD sont brillantes.

Guillaume Singelin, Frontier

Excellente bande dessinée, avec un traitement graphique qui m’avait laissé froid en feuilletant (il paraît qu’on appelle ça du chibi : grosses têtes et corps mignons), mais heureusement j’ai une excellente libraire (elles sont deux, dont une bédéphile) [1] qui recommande des excellentes bandes dessinées.

Frontier, disions-nous. Dans un futur où l’humanité a quitté la Terre, le monde est régi par les conglomérats — vous me direz, comme d’hab dans plein de récits de SF. Certes, mais restez avec moi. On suit une personne qui vit sur une station géante, une autre, guerrière. On croise des anarchistes, et on finit même (attention, passez au paragraphe suivant si vous ne voulez pas savoir) par ce qui ressemble à une touche d’espoir. C’est assez rare ces temps-ci, qu’on referme un livre sur ce thème avec un sourire au coin des lèvres et qu’on pense « Hum, malin, merci. ». Ça fait du bien !

Duval, Emem et Blanchard, Renaissance

Série de bande dessinée en six tomes découverte chez Alias/Erdorin (je ne sais pas comment on dit), dont le dernier vient de paraître, Renaissance raconte l’état déplorable de la Terre de demain ou après-demain [2]. Un genre d’ONU d’une fédération intergalactique (le Complexe) s’en inquiète parce que, semble-t-il, les Terriennes et les Terriens ont un potentiel qu’il serait dommage de voir perdre pour des bêtises comme détruire l’écosystème ou s’entretuer.

Donc intervention, et donc toutes les réactions qu’on peut attendre de part et d’autre :

  • du côté de l’humanité, soit on les accueille comme une planche de salut, soit on craint l’annexion ou l’esclavage ;
  • du côté du Complexe, soit on veut aider, soit on ourdit pour espérer récupérer les ressources naturelles (minerais, etc.).

On n’est pas loin de la culture post-colonialiste qu’on voit à l’œuvre hors de l’Occident ces temps-ci.

Au final, de bien belles inventions de populations humanoïdes (ou non), et une intrigue bien ficelée, avec une bonne maîtrise du volume (trois tomes par cycle, deux cycles, c’est propret), on ne s’ennuie pas et ça ne tire pas en longueur.

Notes

[1Je déplore cependant que leurs partages soient sur Instagram et sur Facebook, mais je comprends l’idée de toucher le public où il est.

[2Oui, je vous l’accorde, c’est le tropisme de l’époque, mais il y a une bonne raison à ça, c’est qu’on va droit dedans. Voir, avant lui, celui de l’atome dans les années 50 et de la conquête spatiale la décennie d’après — à la très grosse louche évidemment.

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