C’est l’histoire d’un type qui découvre et apprend à vivre avec sa malentendance. Le son est très bien mixé, l’expérience avec/sans est très bien rendue. En particulier, certains moments jouent entre la focalisation interne (on écoute avec les oreilles d’Antoine, le protagoniste) et le son « normal ». On entend très bien la différence avec les appareils, qui rendent tous les sons synthétiques. Et, je le disais, c’est très bien rendu.
J’ai retrouvé toute l’expérience que je connais des appareils auditifs : les malentendus (sans jeu de mots), l’entourage qui trouve le réveil trop fort, les voisins qui trouvent le son de la chaîne trop fort. Sans oublier le silence quand on quitte les appareils (son soupir de soulagement, je l’ai tous les soirs !). Et aussi (surtout) la cacophonie fréquente, que notre cerveau sait un peu filtrer quand on entend normalement, mais qui est omniprésente dans les lieux bruyants avec les appareils.
Et puis, sujet délicat, l’intimité : on ne chuchote plus sur l’oreiller ! Soit on se parle avec les yeux, soit on se parle dans l’oreille. On ne dirait pas mais ça change tout, et pas forcément en bien.
Comme la première fois que je l’ai vu, je suis profondément ému. Ça remue des trucs, et puis vous allez me trouver bête, mais ça fait bizarre de voir aussi bien décrit mon quotidien.
Il y a des remarques à l’emporte-pièce qui font mouche : « Quand je les porte c'est un enfer, mais si je les ai pas c'est le monde du silence. Donc tu vois, je préfère encore l'enfer. » (Confidence à une petite fille qui, elle, ne parle plus, et qui sera déterminante dans l’évolution du film et la résolution du malaise.)Divulgachage
Évidemment c’est une comédie, donc les malentendus abondent, soit pour nous faire sourire soit pour donner un peu plus de pathos. Dans la vraie vie, d’abord on fait répéter, souvent presque malgré soi, ensuite on finit par expliquer la situation dès la première fois où on fait répéter. Et ça se passe à peu près bien — enfin, d’une façon générale.