Dans The Manual numéro 3, un article de Paul Soulellis m’a interpellé.
Il y parle de John Cage, qui était un mycologue féru, et de son travail de lâcher-prise : il se fiait au hasard et au Yi-king, partant du principe que son goût et son éducation fermaient ses possibilités de création.
Soulellis pense à Cage alors qu’il fait un séjour à la campagne et une cueillette de champignons.
L’épiphanie arrive là :
An understanding that three coins tossed six times doesn’t simply yield any number. It yields a specific number, and this specificity can be heavy.
And so it is with mushroom hunting. The undirected, yet deliberate wander through the woods, fully engaged but not knowing what will come into play. Open to surprise. Unsure even if anything will be found. And understanding that when a mushroom is discovered, all uncertainty must be left behind. Identifying the fungus before ingestion puts us face to face with the greatest of certainties, a matter of life and death. Perhaps this play between the freely focused wander and the gravity of the tangible discovery—of what nature gives us— is what appealed to Cage.
Pour paraphraser, un tirage aléatoire ne donne pas n’importe quel nombre, il donne un nombre spécifique. De même, une balade aléatoire, sans but apparent, aboutit (ou pas) à trouver un champignon précis, dont il est décisif de déterminer s’il est comestible ou vénéneux.
Vous me direz « ouiii, mais c’est un artiiiiste, ils disent des trucs en l’air » etc. etc. Mais rester ouvert à tout et sans arrêt questionner ce que nous sommes sûrs de savoir est vital.
Cette méthode, s’en remettre au hasard, demande qu’on s’y attarde. Paul Soulellis a conçu le design d’un livre entier sur ce principe. Un bon moyen de prendre du recul, de se mettre en danger.
Qui se lance pour faire son design de site de cette manière ?
(Au passage, au néologisme qui sonne très anglais, sérendipité, Wikipédia oppose fortuité, que je me fais fort d’employer parce que je le trouve splendide.)