Ploum essaie de définir « une nouvelle forme […] d’amitié » :
Avec Internet est apparu une nouvelle forme de relation sociale, une nouvelle forme d’interaction voire, j’ose le terme, d’amitié. Une amitié envers des personnes avec qui on se découvre des affinités intellectuelles, mais qu’on ne verra pas souvent voire jamais. Une amitié tout de même.
En fait ce n’est pas nouveau. Les intellectuels depuis des siècles ont eu des amitiés épistolaires, et très rarement parvenaient à se croiser, une fois dans leur vie, quand ils avaient la chance de faire un tour de l’Europe.
Mais ça s’est renforcé et démultiplié, en écho du phénomène de « polymathie » [1], les gens intéressés par tout, et sur internet, attachés à plusieurs communautés (sur IRC et les newsgroups, puis sur les réseaux sociaux, et puis encore et toujours par mail et via les sites web qui se répondent de loin en loin).
Et j’aime vraiment.
Et donc, oui, on a de vrais copains-copines et de vrais ami⋅es en ligne. On déplore les déceptions, les coups de grisou quand ils coupent les ponts, incriminent tout le monde dans les derniers soubresauts publics de leur dépression. On se réjouit de leurs joies, on se parle plus souvent et avec plus de profondeur qu’avec les voisins de palier. On s’inquiète pour eux sans les avoir jamais vus. On s’entraide. On tombe amoureux, de temps en temps. On pleure leurs morts, aussi.
Les « amitiés virtuelles » ne sont pas virtuelles (virtuel : « Qui est seulement en puissance et sans effet actuel. » nous rappelle le Wiktionnaire). Elles sont réelles, dans leurs grandes joies, dans leurs rires, dans leurs tempêtes. Une extension de la proximité physique, tout aussi réelle. Une amitié tout de même.
(Par chance, on finit même parfois par s’asseoir autour d’une table, refaire le monde et rire dans le monde réel, et c’est toujours épatant de voir qu’on démarre les conversations par le milieu, on reprend là où on s’était arrêté une heure ou un jour plus tôt par écrit.)