À la fin

Je lis chez David :

Peut-être pas de Grand Soir donc, et les appels à faire des grandes manifestations à la fin me semble être lancés par des personnes qui sont dans le déni de ce qu’est une épidémie. Ou alors dans cinq ans peut-être…

C’était début avril. Nous voilà mi-mai, et il m’a fallu tout ce temps ou presque pour lâcher prise, attendre le premier déconfinement [1] pour comprendre que nous allons devoir être vigilants très longtemps, que « la fin » est loin.

Je disais naïvement aux copains que « quand ce serait fini » on se ferait des accolades, des câlins, des bisous. Je nous voyais romantiquement nous tomber dans les bras la larme à l’œil, trinquer aux bars-comme-avant. Mais non, ce ne sera pas fini après les multiples confinements.

Nous allons au-devant d’un monde qui ne se bise plus, qui ne se serre plus la main, qui ne connaît plus la promiscuité (en tout cas dans le luxe de l’occident que je fréquente). Au-devant d’un monde où tous les jours on aura l’œil un peu vide [2].

Quand on voit comme le redémarrage courageux de petites poignées d’assemblées populaires est étouffé dans l’œuf par la répression, on comprend bien que l’interdiction de rassemblements de plus de dix personnes n’est pas sanitaire mais politique (de source sûre je sais qu’ils ont respecté les distances les uns avec les autres) [3]. Quoi qu’il en soit, voilà, c’est dit : pas plus de dix, et pas près les uns des autres.

La « fin » véritable, celle des câlins et des bisous et des accolades et des verres de célébration, ne viendra que péniblement et lentement, si seulement elle vient. Il va falloir vivre avec, longtemps.