Thomas fait un travail de fond qu’en français j’appellerais « désencombrement » (downscaling).
Il réduit un certain nombre de charges, financières (ai-je besoin de tel ou tel abonnement ?) ou cognitives (ai-je besoin de telle newsletter, de tel service en ligne, de telle application ?). J’aime bien suivre son aventure, qui d’une certaine manière s’inscrit dans une démarche de décroissance, d’écologie, de recentrage sur soi.
Je me sens parfois égoïste d’avoir réduit depuis quelque temps ma participation à bon nombre de projets –j’en parle ici-même de temps en temps [1]– et je trouve très rassurant de voir d’autres gens réfléchir dans la même direction, pour sans doute d’autres raisons personnelles.
Je note effectivement des bruits de fond auxquels je ne fais plus attention et auxquels je vais remédier :
- LinkedIn et ses innombrables emails. Je ne suis pas sûr que de toute façon ce genre de service me permettrait réellement de trouver un emploi. C’est un ego booster quand je regarde mes contacts, mais c’est un bruit au quotidien.
- La carte de fidélité de mon supermarché, qui ne m’apporte plus rien depuis un bon moment (je suis donc un utilisateur captif) mais qui fait toujours plaisir au CRM [2] dudit supermarché.
- Twitter, que j’ai réduit il y a quelques mois (mais qui, insidieusement, a regrignoté minute après minute et est redevenu un des services que j’utilise le plus), reste un vecteur important de ma veille – tout autant autant qu’un bruit permanent, qui ressemble assez à celui que Thomas constatait avec Facebook et dans lequel j’ai du mal à historiciser mes trouvailles. J’en suis réduit à mettre en place des règles IFTTT pour m’envoyer des mails quand quelque chose a retenu mon attention (je le marque par
une étoileun cœur), alors que j’aurais pu sans doute le trouver par d’autres moyens. Ou pas, et, pour paraphraser Thomas, si je ne sais pas ce qui s’y passe, je n’ai aucun moyen de savoir ce que j’ai manqué. Emmanuel a arrêté Twitter depuis des mois, il faudra que j’en reparle avec lui.
Revers de la médaille, je me suis remis à lire beaucoup de RSS. Je me rappelle la remarque il y a longtemps de Julien qui souhaitait que j’aie un flux RSS pour les articles seulement, qui exclurait les photos. J’avais un gros appétit à l’époque pour les sites que je lisais, je ne ressentais donc pas le besoin de filtrer. Maintenant que je m’y remets, je m’aperçois d’un effet positif de la veille via Twitter : le filtre est déjà fait en partie, et les articles les plus intéressants ont déjà été gérés [3]. En tout cas c’est le pari que je prends sur Twitter : je passe sans doute à côté de plein de choses, mais je découvre aussi énormément.
Je crois qu’au final je remplace un bruit par un autre, avec un peu de FOMO [4] que je dois détruire parce qu’on rate sans cesse mille fois plus de choses qu’on n’en voit et que la Terre tourne très bien sans nous, merci pour elle.
Parmi les choses que j’ai déjà faites :
- Déplacer mon ordinateur, qui était toujours à portée de main dans mon canapé, vers mon bureau au deuxième étage. L’effort de monter, de mettre le chauffage, de sentir le parquet craquer et donc de risquer d’empêcher les enfants de dormir a radicalement réduit mon usage.
- Vendre la voiture d’appoint. Une ou deux fois par mois elle me servait à faire deux ou trois kilomètres, par exemple pour aller à la bibliothèque ou à la piscine. Les enfants sont assez grands pour m’accompagner à vélo, pour ces petites excursions. Et pour les plus rares cas où j’ai vraiment besoin de la vioture, il s’agit juste de mieux nous arranger avec celle qui nous reste.
- Me désabonner d’un certain nombre de newsletters que je suivais encore, soit par habitude soit pour de mauvaises raisons [5].
M’être éloigné du clavier fait notamment que le design de ce site s’en ressent, mais on s’en moque éperdument. Quand j’ai lancé le redesign qui est au point mort, c’était surtout un prétexte pour m’approprier Git et Grunt sans rien demander à personne, ce que je n’avais pas eu l’occasion de faire en travaillant sur des projets déjà lancés pendant ces trois dernières années en agence web.
Je prends par contre de plus en plus de retard à répondre à mes mails. Là encore, ce n’est pas si grave : la plupart des gens n’attendent pas une réponse dans l’heure. Même, ils préfèrent que je prenne le temps si le mail qui leur revient est plus loquace. Moins de précipitation et davantage d’application, là encore.
Au fond, d’une certaine manière tout ça pointe dans une direction assez simple : il s’agit pour nous de réapprendre le temps.