Hier soir à Paris, au coin de la rue de la Sablière et de la rue Hippolyte Maindron, vers 19h30, j’ai vu une de ces altercations quotidiennes qu’on entrevoit souvent, et je me suis arrêté.
Deux policiers en civil —je déduis que ce sont des policiers à la grosse, grosse bombe lacrymogène accrochée à l’arrière de leur ceinture— discutent très fort avec une dame peut-être un peu ivre.
Je n’entends pas tout, mais l’un des deux policiers, qui n’a rien à craindre d’elle (il est carré, elle est chétive), s’écrie « Tu vas te casser maintenant ! » et lui met un gros coup de pied dans la cuisse.
Un grand coup de saton dans la cuisse, tu vois ce que c’est ? Tu le sens ?
La dame s’appuie sur un plot du trottoir, elle est tordue, elle se tient la jambe, elle demande « Pourquoi vous me tapez, qu’est-ce que je vous ai fait ? »
Je suppose :
- que c’est l’état d’urgence et que la police est sur les dents
- qu’il a dû déjà lui demander dix fois de partir
Je suis fils de flic, j’ai entendu mon père me raconter des dizaines d’interventions, je ne l’ai jamais entendu me dire qu’on tape sur quelqu’un qui n’est pas soit en train de vous taper, soit en train de se battre et qu’il faut séparer/calmer.
On ne peut même pas parler de bavure : le policier que j’observe est en pleine possession de ses moyens, tranquille comme je le constate juste après. Ce que je vois, c’est une violence presque banale, à laquelle ce policier ne réfléchit pas (et son collègue ne calme pas le jeu, ne s’en mêle pas, reste prêt à lui prêter main forte).
Une violence exercée en toute impunité par un représentant de la loi, loin de l’exemplarité qu’on attend de lui. En tant que citoyen, je m’inquiète.