Un grand bol d’air

Un samedi matin de confinement, faire une course à vélo plutôt qu’en voiture.

Ce matin d’automne il fait grand soleil, et j’avais une ou deux courses à faire, alors j’ai pris mon vélo : c’est autorisé pour aller faire ses courses de déborder des 1km, et vraiment je commence à prendre du poids, ce confinement est beaucoup plus gras que le précédent [1].

Démarche administrative : comme d’habitude, le ton d’évidence un peu méprisante des petits chefs et petites cheffes m’exaspère, et en plus il faudra revenir. Comment ? Je n’ai même pas pris rendez-vous ! Elle est quand même allée voir si je pouvais accéder à tel guichet, mansuète, avant de me dire que non non non je n’ai pas du tout le bon papier quoi qu’il en soit. Bref, tout change et rien ne change.

Être à vélo, c’est déplorer des politiques urbaines en même temps démagogues et en même temps stupides : la somme des pistes cyclables est de tant de kilomètres (démagogie), mais dans mon coin, à plein d’endroits, ce sont des petits tronçons interrompus, puis route normale, puis piste de l’autre côté de la route, etc. (stupidité). On passe presque autant de temps à mettre pied à terre qu’à pédaler.

J’ai dû crier très fort après un monsieur en voiture qui m’a doublé tandis que je doublais moi-même des voitures à l’arrêt au mauvais endroit. Il était tellement pressé de s’arrêter 50 mètres plus loin au stop où je l’ai rejoint. Il s’est carapaté aussi vite que possible au moment où j’arrivais à sa hauteur, preuve qu’il m’a bien entendu crier. Et évidemment, le classique refus de priorité quand tu es déjà au mileu de la rue, engagé sur le passage piéton pour traverser : deux fois j’ai crié un tonitruant « OLÉÉÉÉÉÉ ». Ça ne sert à rien mais ça défoule.

En passant par des chemins moins voituresques, j’ai aussi croisé des piétons, un cycliste qui fait un signe de tête façon notable à la fin du dix-neuvième ; des gens qui m’entendant arriver s’écartent, je dis « Merciii ! » et la dame répond d’une voix de petite fée « De rieeeeen ! » ; je croise un petit bonhomme qui galère pour rouler droit, je lance un « Allez, courage ! » qui fait sourire ses parents. Beaucoup de sourires et de sérénité dès qu’on quitte les voitures, c’est fou ce contraste. Et des cygnes et des oies de passage sur l’étang, et le coin où on a pique-niqué avec quelques copains [2], et de l’air, beaucoup d’air.

Le bord de plan d’eau où nous pique-niquons parfois.

Ma librairie, La Fontaine au Livres à Palaiseau, arbore deux bien beaux slogans :

  • « Malgré ce chaos ambiant nous continuons notre activité de vente à la fenêtre pour ne pas dire “drive” »
  • « Ils ont l’Amazonie mais nous avons l’Yvette ! » [3]

Alors donc on vient se pendre à leur fenêtre comme Roméo au balcon de Juliette, c’est assez rigolo au final, on sourit tous et on s’encourage et ça fait du bien, cette humanité.

À peine rentré, je note vite tout ça, parce que le plaisir est bien meilleur quand il est partagé, non ?

Notes

[1Je soupçonne notre cerveau d’associer le froid à un besoin de bouffe riche, et je me soupçonne d’y avoir par trop cédé.

[2Coucou les copains si vous me lisez !

[3L’Yvette c’est le cours d’eau qui passe à Palaiseau.

Commentaires

  • véro (21 novembre 2020)

    <3 <3 <3 :)

    Répondre à véro

  • Anna (21 novembre 2020)

    Ma librairie fait pareil, les livres s’envolent par la fenêtre, et les libraires sont à peine assez pour suivre les commandes. On espère tellement qu’elle sera encore là quand la pandémie sera derrière nous...

    Répondre à Anna

  • Tomek (22 novembre 2020)

    Pour sûr ! <3

    Répondre à Tomek

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)