Ça faisait plusieurs mois que je n’avais pas pris un TGV ; c’est un gros changement : quelques années en arrière c’était mon deuxième bureau.
Je retrouve ces ambiances bizarrement feutrées, si éloignées du RER avec les crieurs de téléphone [1], les poseurs de pieds sur les sièges, les mélomanes du rap [2]. Dans le TGV, ce sont plutôt les gens avec leur ordinateurs, les costards, les recherches désespérées de prises électriques pour le fil à la patte du téléphone portable qui se décharge si vite —pas pour moi ça, je suis très peu consommateur de connexions permanentes au réseau. Chaque chose à sa place.
Alors j’en profite. J’écoute enfin l’interview de Jean-No dans l’émission Place de la Toile que j’avais eu l’heureuse idée de sauvegarder en MP3 à l’époque. Je tente d’écouter celle de danah boyd mais la balance de l’enregistrement est très déséquilibrée, on n’entend que d’une oreille ; je retenterai sur une chaîne hi-fi avec mes appareils auditifs, ce sera moins pénible.
Je m’amuse d’entendre mentionner fr.rec.arts.bd (ce vieil endroit poussiéreux que peu de gens connaissent encore [3]), de voir que les gens de cette génération ont suivi peu ou prou le même parcours d’apprivoisement de l’informatique qui ne servait à rien
, comme nous le rappelle Jean-No fort justement ! Un ordinateur domestique ne servait à rien qu’à programmer, qu’à apprendre à programmer. En boucle, donc.
Et puis nous nous arrêtons à Saint-Pierre des Corps, où j’étais pion il y a une éternité. Par sentimentalisme nostalgisant [4], je regarde autour de moi, j’écarquille les yeux dans l’idée de reconnaître quelque chose, puisque je fréquentais cette gare. Mais non, c’est le même paysage industriel, à moitié en friche, à moitié réhabilité à coups d’huisseries aluminium peintes en couleurs primaires, qu’on voit dans toutes les grandes gares. Petit pincement au cœur, l’envie de descendre et de marcher un peu là.
Me revient une anecdote assez rigolote sur cette ville, bastion communiste (l’est-elle toujours ?). En bus, quand on vient de Tours, on longe successivement l’Impasse de la Liberté, l’Impasse de l’Égalité, l’impasse de la Fraternité. Si si si, je te jure. Ça m’a longtemps amusé, et ça m’amuse encore, tiens !
L’esprit vagabonde.
Préparer une blague obligatoire du premier avril ? On s’en moque un peu, finalement.
Finir la refonte du site ? Mais qui ça intéresse, franchement ?
Faire un article pour expliquer mon idée de l’exergue dans la publication en ligne, qui est un blockquote
sur Typographisme alors qu’il me semble plus « naturel » d’en faire un intertitre, et pourquoi c’est fait en Javascript sur le site que vous lisez et pas en PHP ?
Dépiler pendant le temps de chômage qui reste les idées d’articles amoncelées depuis des années ?
La réponse est dans la question : ça n’intéresse que moi, l’écriture et la maintenance d’un blog sont des exercices égocentriques, on peut s’en passer ou pas, selon les moments (la preuve avec mon silence actuel [5]).
J’ai repris un carnet papier, tiens, à la suite de Cameron Moll, pour décoincer mes mains ankylosées par la frappe.Mon écriture manuscrite est devenue illisible, même pour moi à l’occasion. Mais évidemment, assis dans un train, c’est peine perdue que de vouloir manuscrire. Alors, comme toujours, comme avant, j’ouvre mon PC et je prends ces quelques notes.
La pensée musarde et vagabonde, se nourrit de ce qui passe et se restitue sans ordre, sans autre but que de la poser là et de voir ce qui en germe.