Et puis après, en ouvrant la porte, on était frappé par la tiédeur presque palpable du pub, tandis que l’air frais de Galway, même en été, vous avait fouetté le visage. On trouvait une table comme on pouvait, on envoyait les enfants commander des chips au vinaigre au comptoir, on allait chercher les bières autant pour éviter qu’ils renversent que pour leur épargner les regards inquisiteurs des tenanciers. Et la musique se lançait, les tin whistles, les fiddles, les bodhráin. C’est un peu répétitif, comme toutes les musiques traditionnelles, mais ça sourit et ça réchauffe et ça bondit à l’intérieur.
Et puis après, en ouvrant la porte, on sortait de la voiture, et on voyait, au loin parce qu’on n’avait pas la bonne voiture pour attaquer les chemins, le Eyjafjallajökull. Le fameux volcan, devenu célèbre par un coup de génie publicitaire qui a transformé l’Islande, le pays d’où est partie la fumée qui a bloqué l’Europe quelques semaines, en la destination rêvée des touristes. C’était un moment particulier, issu d’une promesse que je m’étais faite sur le chemin de la guérison, autant à moi qu’à mes enfants. Notre moment Walter Mitty rien qu’à nous.
Et puis après, en ouvrant la porte, même sans aller aussi loin, tous les jours, on ouvre une porte, on invente de la nouveauté, du vivant, du pas comme hier malgré les apparences.
Et puis après, en ouvrant la porte, on retrouvera des bocks et de la limonade, des tilleuls verts sur la promenade. On aura des pintes et de la musique, on aura des rires et des chips au vinaigre, on aura des paysages et des nuages et des pluies qui ne durent pas et des soleils et des chauds et des froids. On ne sait pas encore quand, ni comment, mais on s’assiéra et on rira comme avant.
Un exercice littéraire par semaine, #EcritHebdo, pour occuper le silence et offrir un peu de beau si on peut.