Ça y est, la messe est dite : le mobile a supplanté l’ordinateur, qu’il soit de bureau ou portable. [1]
La plupart des services numériques sont devenus « mobile first » voire « mobile-only » c’est à dire conçu[e] [2] en priorité ou exclusivement pour des expériences mobiles. Cette domination de l’internet mobile était annoncée depuis des années. La société de suivi des usages digitaux, StatCounter, vient enfin de l’enregistrer dans les faits. Il aura donc fallu moins d’une décennie pour qu’il y ait plus d’accès à Internet via mobile et tablette que par notre ordinateur de bureau.
Il est grand temps que tout le monde accepte le Responsive Web Design comme un fait, une nécessité, en se réappropriant la spécificité du Web depuis ses débuts : c’est un média « liquide », qui coule dans son conteneur quelle que soit sa taille. D’une certaine manière c’est la fin finale des designs à largeur fixe, et ce n’est pas un mal. La culture des designers web va enfin se débarrasser définitivement des scories du dogme papier-au-millimètre-près.
[M]ême aux États-Unis, 20% des 18-34 ans n’utilisent pas d’ordinateur du tout, selon une étude comScore réalisé en décembre 2015.
C’est très lié au ratio producteurs/consommateurs aussi sans doute. Depuis l’achat de mon dernier smartphone si beau avec un si bel écran et la 4G en veux-tu en voilà, ma consommation de contenus sur mon mobile a décuplé. L’outil fait l’usage, pour partie au moins. Or tout temps passé à consommer n’est pas du temps passé à produire. Mon usage change, moins « actif » (stocker une URL, prévoir de la relire et de la commenter, la partager avec les copains) et davantage « passif » (mais pas complètement quand même, les e-books ayant fait leur apparition dans ma vie à cette occasion) [3].
Plus loin dans l’article, l’auteur s’emballe :
Si autant de start-up veulent se débarrasser de l’ordinateur, même portable, notamment pour réinventer notre productivité par le mobile, les entreprises feraient bien de suivre la tendance avec attention.
Je suis à peu près sûr que cet article a tout de même été écrit avec un clavier, et sincèrement, pour avoir tapé des articles avec mon smartphone quand je l’ai acquis (parce que waouh, grand écran, fascination du nouveau jouet, etc.), j’ai justement eu une très petite productivité pour écrire des contenus. Je suis vite revenu au clavier.
En rapport à ce que je disais il y a peu, en devenant un média de masse, le Web a vu se noyer les producteurs de contenus, qui statistiquement représentent forcément, mathématiquement, une proportion de plus en plus faible comparée aux consommateurs de contenus. Je le vois bien avec mes enfants, qui veulent savoir comment ça marche, ont un blog et commencent à aller sur IRC, mais passent cent fois plus de temps à regarder un youtubeur débile [4]. C’est assez « normal » (faute d’un meilleur terme) comme évolution, donc ne paniquons pas tout de suite.
Pour la bonne bouche, j’ai bien ri en lisant ça :
De la même manière que les marchés émergents se connectent à Internet directement par le mobile, sans passer par l’étape de l’ordinateur de bureau, comme les économies avancées, bon nombre de professions se digitalisent par le mobile sans avoir véritablement embrassé l’ordinateur de bureau. Symbole de cette révolution mobile : les chauffeurs de taxi.
Ah ouais ouais, les taxis n’ont jamais vraiment embrassé l’ordinateur de bureau sur leur tableau de bord, effectivement.
Bon, je raille parce que je suis railleur [5], mais cet article est tout de même une bonne synthèse bien documentée.
Pour autant, l’ordinateur va se transformer mais les interfaces de saisie au clavier, qui correspondent à un des besoins principaux de l’entreprise, vont perdurer, soit, comme le mentionne l’article, à travers des ordinateurs hybrides comme le Surface, soit comme un ajout à l’objet, comme le clavier de l’iPad. Notez que je suis un très mauvais futuriste, donc ne m’écoutez pas et faites-vous votre avis vous-même.