D’un rebond à l’autre, de clins d’œils glissés sur IRC par Emmanuel en liens cliqués je trouve une très vieille réflexion de Karl sur les éditeurs HTML (mon cerveau se réveille sur le mot « outils ») et puis je rebondis vers d’autres de ses articles, d’une époque que j’avais oubliée, dont un article avec plein de liens vers une galerie photo comme on en faisait à l’époque. Je me perds dans l’une d’entre elles, comme on feuillette un album-papier-du-vrai-monde.
Le cerveau maintenant complètement réveillé m’interroge alors sur ma pratique de la publication photographique et le chemin qu’elle a pris. D’abord il s’est agi de déverser en vrac : un vieux truc (appelé PHP Gallery je crois) faisait ça très bien, générait les vignettes tout seul et rangeait tout dans des sous-dossiers, pour un résultat similaire à la galerie que je viens de citer.
Ensuite est arrivé le gros réseau social photographique, Flickr. Massification des échanges, commentaires et notes à la volée (« machin a aimé votre photo »), enjeux sociaux substitués insidieusement aux simples envies de partager. On s’est mis à prêter le flanc à l’égo (« j’ai eu tant de visites sur telle page, j’ai tant de suiveurs, tant de “j’aime”. »).
Et puis depuis quelques années je me suis défait de tout ça, je publie mille fois moins [1], et j’ai à cœur de faire de l’accessible. Sur mon site perso, je m’applique donc à faire une page par photo, et pour chaque photo un texte alternatif et une description longue (longdesc
tant qu’on n’aura pas trouvé mieux).
Oui mais voilà. Je publie mille fois moins, comme je viens de le dire. Ce n’est pas forcément un mal, après tout. Si tout le monde publiait mille fois moins la vie en ligne serait bien moins remplie de ce tumulte, me direz-vous avec raison. Je fais au moins 500 photos par semaine de vacances, dont la moitié vaut d’être vue pendant la soirée diapo familiale, et dont une quinzaine vaut d’être vue hors contexte. La plupart n’est plus du tout montrée.
Je me retourne sur les outils, sur les choix techniques et éditoriaux, et j’ai l’impression qu’en même temps que je publie moins, pour des raisons « défendables », je me frustre. Nostalgie d’un temps plus simple où je n’imaginais pas une personne malvoyante sur le web, et satisfaction de ne plus jamais négliger la question aujourd’hui.
Sentiments mitigés, donc.