J’ai eu la chance de passer quelques jours avec Steph cet été, et on a pas mal discuté (et puis on a bien mangé aussi, mais c’est un autre sujet).
Parmi nos discussions, on a parlé de stratégies mentales. Attends, je t’explique.
Je pensais comme un grand naïf — car malgré les années qui passent je reste un grand naïf. Tiens ça me fait penser à une discussion dans Les Chroniques de San Francisco (série de 2019) où une personne demande à l’autre : quel est votre âge permanent ? Elle explique qu’au fond de soi, on a un âge, qui n’a rien à voir avec son âge réel. L’un répond quelque part dans la vingtaine, vu que c’est là qu’il s’est senti adulte et autonome. L’autre répond 75 ans, parce qu’elle se sent épuisée par ce qu’elle a déjà vécu. J’ai deux âges permanents : 15 ans pour la naïveté et 75 ans pour l’épuisement de la vie déjà passée [1].
Mais revenons à nos moutons, tonton.
Je pensais comme un grand naïf que plus on grandissait/vieillissait, plus on savait gérer les problèmes de la vie. On devenait un peu plus impassible aux contrariétés, on savait se défendre un peu mieux, on avait appris de ses faiblesses et on en avait fait des forces [2]. Bref on devenait un genre de roc, usé par le ressac, débarrassé des petites scories, dont le cœur solide finit par affleurer progressivement [3].
C’est tout le contraire. Plus va plus je suis une madeleine, à fleur de peau sur des tas de sujets, je me sens de plus en plus fragile, quelque part [4].
Steph me dit qu’il y a une explication : en fait, on passe la première partie de sa vie à mettre en place des stratégies de défense et de compensation. Mais en vieillissant, de même qu’on pense moins vite et qu’on bouge moins bien, les stratégies commencent à montrer leurs faiblesses.
C’est pour ça, notamment, qu’on dépiste les troubles du comportement et de la personnalité souvent après la quarantaine.
D’une certaine manière c’est rassurant et tout à fait éclairant.
Par coïncidence Sacrip’anne publia aujourd’hui même :
[La conversation, c’est] écouter l’autre et ce qu’il a à dire. Rebondir. Mais aussi laisser infuser, donner du temps aux idées de se connecter, d’en créer de nouvelles, de se faire grandir mutuellement.
Ouais, tout pareil.
Je suis un grand adepte de l’infusion des idées, au contraire de certaines personnes que je connais qui aimeraient une réponse là, tout de suite. Réponse que je suis incapable de donner, souvent, parce que j’infuse. (Forcément, je suis à thé [5].)
À suivre.