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Je suis retombé aujourd’hui sur un site qui me demande d’accepter de désactiver mon bloqueur .J’ai décliné. Il m’a perdu.

Je repense à cet article (de 2016 !) de la Quadrature du Net dont je reproduis une partie :

Sur le Web, utiliser un ad-blocker, c’est exactement comme décider d’aller pisser pendant la pub. Ça ne regarde que vous, et l’annonceur qui sait que son spot ne sera pas vu par une partie de la population. En aucun cas le diffuseur, qui a fait ce pour quoi il a été payé (diffuser le spot).

[…]

Vivre de la garantie que la campagne de publicité de ses clients sera affichée, et vue, et rapporter combien l’ont vue, en usant pour ce faire de ce qu’il faut bien appeler de l’espionnage (les cookies tiers, la détection des ad-blockers, la mise en pause d’une vidéo si vous passez à un autre onglet...), ce n’est pas la même chose. Et c’est absolument, définitivement, totalement inacceptable.

Alors cessez de l’accepter. Et allez voir ailleurs. Les contenus passionnants ne manquent pas, sur le Web, qui n’utilisent aucune de ces techniques.

Depuis la parution de cet article, je constate que Youtube a plongé les deux pieds dans l’arrêt de la lecture si l’onglet n’est plus au premier plan. Beurk. Et vous le savez sans doute, mais Google pousse dans son Chrome un machin qui fait croire que c’est mieux (un profil, chic on peut le désactiver), alors que c’est pire (même quand on se déconnecte le pistage continue, si j’ai bien compris le manège). J’ai la flemme de chercher des liens, les commentaires sont ouverts. Et puisqu’on en est aux maximes, un camarade à moi qui s’occupait de sécurité informatique sur un « grand compte » répétait souvent qu’il n’est pire sécurité qu’un faux sentiment de sécurité. Mais je m’égare.

Bref, depuis la publication de cet article, les choses ont un peu bougé :

  • De plus en plus de producteurs de contenus proposent qu’on s’y abonne pour un montant généralement raisonnable (il faut choisir à quoi s’abonner, mais après tout dans le monde réel je n’achète pas toute la presse).
  • De plus en plus de gens (en tout cas dans mon entourage de bobo-gaucho-libristes) ferment l’onglet de leur navigateur sur les sites qui leur font un chantage au bloqueur de publicité. Voter avec les pieds, épisode trouzemille.
  • Malheureusement, dans le même temps, un nombre bien plus important de gens croient qu’iels n’ont « rien à cacher » et se mettent à poil devant les profileurs et annonceurs de tout poil [1]. Pas de pare-feu sur le téléphone, la localisation toujours activée, pas de bloqueurs de pub, pas de protection contre le traçage. Ce que, dans notre jargon de personnes férues de la sécurité, nous appelons la fête du slip [2]. Je vous vois, partout, tout le temps, et je gagne de l’argent sur votre dos pendant que vous n’avez rien à cacher [3].

Tout ça pour dire : je paye les sites auxquels je crois et que j’utilise, et je sais que c’est parce que j’en ai les moyens, et vous n’avez pas d’obligation de le faire, mais ne partez surtout pas du principe que parce que vous ne pouvez pas ou ne voulez pas payer, il faut accepter de se mettre à poil devant des gens que vous ne connaissez pas.

En tout cas je refuse de céder au chantage, que ce soit d’accepter les publicités ou d’accepter tous les cookies de pistage. L’une comme l’autre de ces options, en plus de pourrir l’expérience web en transformant n’importe quel site en grande rue de Las Vegas, alourdit considérablement le poids des pages, la latence, le temps d’affichage. Bref ça pourrit et ça pourrit.

Ce site est garanti sans publicité, sans pisteurs, et ne pose un cookie que si vous laissez un commentaire. Et encore, c’est un tout petit cookie (un cookie de session, si j’ai bonne mémoire).

PS : oui, des fois je radote un peu (même si entre temps j’ai changé d’outils, remplacé Ghostery par uBlock Origin, et définitivement je n’utiliserai pas Brave pour remplacer mon fidèle Firefox plein d’extensions).

Notes

[1Haha, ça fait deux fois « poil », ricana-t-il tristement.

[2Non en fait je dis ça pour rire. Chez les personnes férues de sécurité, on déplore plus qu’on ne rit.

[3Et moi, vous allez dire que j’exagère (je sais, on me le dit à chaque fois), mais ça me choque de voir que quelques compagnies privées de ces dernières années savent bien plus de choses sur bien plus de personnes que la Gestapo pendant la dernière guerre mondiale. Je ne veux pas de ce monde-là. Je pourrais aussi parler du profilage dans les moteurs de recherche et les cartes de fidélité, retenez-moi.

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