Sortie à Paris avec les enfants, promenade qui tente de n’être pas trop dépensière, mais comment refuser de leur acheter encore des livres quand on passe dans une librairie et que je cède moi-même si facilement à la tentation ? C’est une saine maladie.
Et puis aussi passer chez la maison Dubois, rue Soufflot, et farfouiller, sentir le papier et l’encre de Chine. Acheter un pot pour Fiston qui veut faire de la calligraphie japonaise avec le beau pinceau qu’une bonne âme lui a offert il y a peu, et quant à moi j’ai pris une plume et des encres aux noms charmants, « Bleu nuit » et « Poussière de lune. »
En fin d’année dernière nous avions besoin de vrai, besoin de toucher, de respirer, d’apprendre. Delphine a gentiment organisé un atelier calligraphie et nous avons pu mettre la main à la pâte.
Ce jeudi soir, j’ai donc étrenné mon matériel. Un verre de vin, une plume biseautée, un carnet de croquis.
Le résultat est très mauvais, mais je ne m’en soucie pas. Je sais que le papier n’est pas idéal (à faire : trouver du meilleur papier), que chaque encre a une viscosité différente (à faire : apprivoiser les encres). Et puis peut-être que le vin n’a pas aidé à la concentration (à faire : ne rien changer pour autant).
J’ai lu dans Le Un une très bonne chronique de Nancy Huston (alors que j’ai tenté ses livres et que mon câblage mental ne m’a pas permis d’avancer bien loin), et puis cette formidable phrase d’Alain Finkielkraut :
En quelques décennies, la France s’est profondément modifiée et cette révolution a eu lieu sans demander son avis à personne.
Je n’ai pas, au moment où j’écris ces lignes, lu tout l’article, mais j’adore l’accroche. J’aimerais avoir ce talent pour enfoncer des portes ouvertes. J’ai souri tout seul dans le train.