Avec l’un je parle applications de rencontre, avec l’autre après-midi de jeux improvisée. Deux activités qui m’étaient franchement étrangères avant les confinements.
La première, je n’ai pas encore sauté le pas. C’est curieux comme il est difficile de rencontrer du monde, passé un certain âge ; et comme j’éprouve de la défiance envers ces services, alors que depuis bientôt 30 ans le web est un des endroits qui me sont le plus familiers.
(Je note aussi qu’avant j’aurais mis des liens vers les gens en ligne. On était plein de fierté d’être parmi les élus qui ont un site avant les autres, on est maintenant plus vigilants sur la vie privée — avant les autres ?)
Journée à végéter. Je me demande chaque fois si c’est un état dépressif qui m’amollit au point de ne rien faire, ou si c’est un goût sain pour ne rien faire et, entre moi et moi, lire, manger n’importe comment, et vivre la journée dans n’importe quel ordre.
Je décide qu’au fond on n’a pas besoin de tout interroger et je laisse de côté l’introspection.
Je regarde la bibliothèque. Je vais désherber ceux-ci, et aussi ceux-là. Ah non, pas celui-ci. Je ne l’ai lu qu’une fois il y a peu, mais je veux le relire. Je regarde la date : 1999. Ça n’est pas si récent, vingt-cinq ans. Le cerveau est un vil farceur.
« Choisir, c’est renoncer », il paraît. En désherbant des bouquins théoriques sur la bande dessinée, dont la moitié pas lue, j’acte l’abandon de mon projet de livre. Je propose : « Vieillir, c’est renoncer ».
Il faut s’alléger, sous peine de vivre au passé dans une maison-mausolée.