C’est décidé, ce prochain trimestre je n’achèterai plus de livres.
Je viens juste, la semaine dernière, de passer commande de Superman : Secret Indentity, l’histoire incongrue d’un jeune homme qui s’appelle Clark Kent et à qui on dit —pardon (merci Julien) : et qui découvre qu’il est Superman — or tout le monde sait que Superman est un personnage de bande dessinée !
Et puis je regarde la pile des livres que j’ai achetés ces derniers mois, et repoussés aux calendes grecques, mis en attente par toujours plus de nouveautés, toujours plus de bandes dessinées, de lectures plus pressantes, de coups de coeur.
Alors voilà la résolution de l’année un peu plus tard que les autres : éplucher mon chevet et y trouver mes lectures jusqu’à disparition complète de la pile.
J’aime détourner l’expression « livres de chevet » pour l’occasion...
Une petite liste de lectures à venir, donc :
- Lady Chatterley’s Lover de D.H. Lawrence qui, à en croire le dos de couverture, a moins à voir avec une histoire d’amour explicite qu’avec un questionnement de la place de la femme dans l’Angleterre du XIXème siècle.
- L’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón, que me recommande chaudement un de mes anciens camarades de travail
- The Lost World de Conan Doyle, que je rêvais de trouver depuis des années. Comme la plupart des classiques, il a trouvé à être réinventé dans l’unviers des super-héros (quelque part au Pôle Nord, le royaume de Kazaar).
- Misery de Stephen King. J’ai toujours pensé, en bon snob que je suis, que si cet auteur avait autant de succès c’est qu’il devait être facile à lire —donc d’une certaine manière devait recourir à des facilités d’écriture. Et puis je suis tombé sur Running Man un jour de disette de lecture dans un train, et je l’ai dévoré. King met le doigt sur une foule de problèmes modernes qui vont en s’amplifiant dans notre société, le fossé grandissant entre les riches et les pauvres, les jeux télé qui sont de plus en plus sensationnalistes et abêtissants à la fois, la radicalisation de notre vie politique. Du coup j’ai acheté Misery et je me promets, après mon jeûne de librairie, d’aller trouver le roman qui est entièrement bâti autour du soliloque d’une femme qu’on croit coupable d’un meurtre (et dont j’ai déjà oublié le titre).
- La photographie par Édouard Boubat. Un grand de la photographie explique comment ça marche. Bien sûr en feuilletant on se dit que le livre a vieilli (rares sont ceux qui discutent encore de la chimie des bains de tirage), mais on ne peut rester insensible aux images qui accompagnent le texte, et on sent qu’on est en présence d’un manifeste.
- Ainsi meurent les hommes de Kresssman Taylor. Tout le monde s’est intéressé à elle depuis le succès inattendu d’Inconnu à cette adresse chez Autrement, où elle raconte l’évolution d’une correspondance entre un Américain et un Allemand et la façon dont la Seconde Guerre Mondiale va les changer. J’ai bien aimé même son style (oui, un roman épistolaire peut avoir du style, si tant est que la traduction sache s’y prêter), à suivre donc.
- Never Let Me Go de Kazuo Ishiguro, à qui on doit entre autres un splendide Remains of the Day, magnifiquement adapté au cinéma par James Ivory. Ishiguro, malgré son origine Japonaise, est délicieusement Anglais, et parvient à capter toute la subtilité des amours qui ne se disent pas et des apparences qui trahissent malgré elles la vérité qu’on ne veut pas voir. Ai-je dit que son anglais est somptueux ?
- Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Márquez. Le temps de publier cette photo et je l’ai déjà lu. Une fresque improbable, qui raconte cent ans d’un village et de ses fondateurs, et qui se permet d’y glisser la quintessence de la culture et de l’histoire sud-américaine : la tradition orale, les esprits qui vous visitent la nuit, l’influence (néfaste) des Américains, les noms qui se mélangent comme quand on évoque une grand-tante dont on ne sait plus si ce n’était pas finalement une petite-cousine par alliance... Plusieurs centaines de pages de surprises, où le merveilleux est banal (mourir en s’envolant suspendu à un drap pris dans le vent) et où la science devient magie (toucher un bloc de glace ou faire tourner une locomotive à vapeur deviennent exotiques). Une histoire fantastique, que je me promets déjà de relire.
- Travels in the Scriptorium de Paul Auster. C’est un réflexe, quand Auster sort un livre, je l’achète. Pas par snobisme [1] ni par habitude indécrottable, mais parce que depuis que je l’ai découvert, je l’ai déjà dit mille fois, je le prends pour un des plus brillants des écrivains contemporains, à égalité avec David Lodge. Son anglais est intelligent, écrit avec une fausse simplicité en réalité toute littéraire, et j’aime trouver les influences du français dans son écriture. Et puis ses histoires, qui sont souvent des non-aventures mais racontent si bien, là encore, l’humain, le destin, le hasard.
- Photo icons, petite histoire de la photo, par Hans-Michael Koetzle, un recueil de quelques dizaines (centaines ?) de photos historiques, qui racontent comment elles sont « venues à la vie ». Voilà le genre de livre qu’on achète en se promettant de l’ouvrir pour de bon un jour. J’ai commencé, c’est intéressant.
- L’agenda critique des médias, collectif qui pointe du doigt tout ce que notre temps de cerveau disponible pourrait nous faire avaler.
Et vous, c’est quoi, vos livres de chevet ?