La photo, une activité solitaire ?

S’extrait-on de la vie sociale quand on sort son appareil photo ?

La photographie est-elle une pratique solitaire ou peut-elle avoir sa place de façon anodine dans un moment social ?

Je ne peux pas imposer ces contraintes à mes guides généreux et donc je me tais. Je me contente alors de regarder le paysage. Je me contente d’écrire l’image avec mes pensées. C’est une autre forme de voyage. Je me demande alors si la photographie est pour moi un acte profondément solitaire.

La question de Karl est intéressante, et revêt des aspects multiples.

  • Les photos de familles ou d’événements sont sociales par nature ;
  • les photos qui documentent le vécu se font indifféremment seul ou à plusieurs — postulons qu’elles ont une vertu utilitaire ;
  • la photo au sens très large, en tant que pratique artistique comme le dessin, la peinture, etc. demande sans doute de se poser davantage, de se sortir du moment social pour se poser en outil de médiation entre la chose à représenter et sa représentation [1].

Cet usage du pluriel ou du singulier n’est peut-être pas anodin, le singulier représentant peut-être un concept plus qu’une pratique collective sur l’instant. Par exemple, je me dis que Sebastião Salgado fait des photos documentaires (la notion penche du côté des objets résultants) et pratique la photo documentaire (ici la notion penche vers la pratique, l’art, le produit de cet art, l’exposable). Je jette l’idée en l’air sans en mesurer toute l’étendue : c’est une approche spontanée, pas une étude approfondie [2].

Quant à moi ça dépend de l’envie, mais aussi (surtout ?) des personnes avec qui je suis je crois.
Des proches (pour faire simple : ma nichée) ? Alors je m’arrête fréquemment avec mon appareil quelques secondes, en espérant que ce ne soit pas trop pénible.
Le reste du temps ? Selon l’inspiration, le moment, le temps de vivre ou pas, la simple envie de sortir l’appareil ou la flemme ; mais ça se fait un peu moins facilement, je rechigne aussi à l’imposer.

Sans doute aussi que la question est plus ou moins prégnante selon la pratique. Pour reprendre la citation,elle était précédée de :

Cette question devient alors un élément de contraintes qui bloquent cette spontanéité. Elle introduit une contrainte que je ne peux pas gérer car le temps n’est plus tout à fait à mon contrôle. J’imagine s’il me faut 30 minutes pour faire une photographie précise ou qu’il me faille marcher pendant 20 minutes pour aller de l’autre côté d’un champ car la lumière y est meilleure.

C’est vrai que la dimension « technique » de la prise de vue influe aussi beaucoup.

Ah tiens, au final j’ai brodé malgré moi au fil de l’article sur le même mot que Karl : « imposer ces contraintes ». C’est vraiment intéressant, cette question de la dimension sociale, je trouve. Elle se retrouve aussi, dans mon expérience, dans le dessin (l’aquarelle) en société, qui est le plus souvent une activité partagée sur le moment, sauf à vouloir s’ostraciser, d’une certaine manière.

Notes

[1Oui j’aurais pu dire signifiant et signifié mais vous m’auriez encore trouvé pompeux !

[2En même temps, le fait d’avoir écrit « et » montre que les deux notions peuvent se superposer.

Commentaires

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)