Dans sa très bonne « Histoire du Web », Jay Hoffmann raconte cette jolie anecdote : Brandon Stanton, le créateur du magnifique site Humans of New York, croise sur sa route David Bohnett, le créateur de Geocities.com, qui a profondément inspiré de multiples sites d’hébergement mutualisés, dont (j’en suis à peu près sûr) Mygale.org, sans qui je n’en serais pas là aujourd’hui.
(Attention, il y a un lien vers Facebook dans le corps de cette citation.)
On the night of August 9th, 2013, Stanton was walking around uptown Manhattan, when he happened upon a man sitting alone at a table on his phone. As he often does, Stanton asked the man if he could take a picture of him for his site. The man said sure, and introduced himself as David Bohnett. While he was taking the picture, Stanton fired off a question he sometimes asks his subjects, “What was the happiest moment of your life ?” Bohnett responded, “I founded a company called Geocities.com.”
Stanton, blown away the serendipitous connection, paired the image on his site with a tribute to Bohnett and Geocities which had so profoundly changed his life.
« Une image sur son site ». Non, un post sur Facebook. Célébrer l’esprit d’ouverture de toutes ces premières plateformes en publiant l’image sur un site en silo (« Voir plus de Humans of New York sur Facebook : Se connecter ou Créer un nouveau compte »). C’est très ironique, tout ça.
Geocities, Mygale, Altern, tous ces endroits créés pour que l’information soit ouverte, facilement accessible à tous (et des tremplins épatants pour apprendre à publier ladite information). Et, comble de l’ironie, on les célèbre dans un de ces silos qui veulent vampiriser ta vie privée et tout savoir de toi (« Inscris-touaaaaaaaaaa, donne-moi ta jugulaiiiiiire »).
Je vais continuer à ne pas avoir de compte Facebook, et tant pis pour ce qu’on y rate. Et puis retourner lire le Manifeste du web indépendant encore et toujours, comme le signataire que je suis. On y croit encore.
(On m’objectera que le site Humans of New York est hébergé par Tumblr, et je n’en disconviens point, mais je découvre que Tumblr a arrêté le chantage à l’acceptation de cookies ; c’est déjà ça.)
Comme disait le copain Grosse Fatigue en 2004 (déjà !) :
Et puis au milieu, ou à côté, là, sur le même média, un truc dont on ne voit aucune pub dans le métro, la presse, les abribus, le papier-chiotte, Télérama ou France-Dimanche, non, personne n’en parle et pourtant, c’est le troisième journal de France à être indépendant après Le Canard et Charlie. On n’a pas fait fortune mais ça tient.
C’est pas si mal.