Je dirais que tout est dit en un paragraphe :
Le « véhicule propre » vanté par le plan gouvernemental est donc nettement un abus de langage (sauf à renvoyer à l’idée de propriété, au sens de « mon propre véhicule »). Quant aux émissions de CO2, la capacité des véhicules électriques à les réduire n’a rien d’évident, et s’avère même contre-productif dès lors que la voiture électrique est envisagée comme un simple substitut de la voiture thermique. « On part avec un handicap à cause de l’impact de production, explique Maxime Pasquier, de l’Ademe (Agence de la maîtrise de l’énergie). Donc, il faut compenser par un usage intelligent. » Un usage intensif, d’abord : il faut qu’un véhicule électrique parcoure beaucoup de kilomètres pour compenser sa production, c’est le cas des utilitaires en ville. Un usage ciblé : le véhicule électrique n’est économe que s’il emporte une petite batterie, donc les gros modèles permettant de partir en vacances, avec 500 km d’autonomie, ne sont pas viables écologiquement.
Donc les SUV électriques polluent plus que ma vieille Clio d’il y a dix ans, bien entretenue et qui passe haut la main le contrôle technique. La première démarche valide en écologie, c’est de ne pas acheter ou de faire durer.
La voiture électrique soulève encore d’autres questions. On peut se demander quelles sont les conséquences écologiques du renouvellement accéléré du parc automobile induit par les « primes à la conversion ». Si les voitures à essence partent prématurément à la casse avant que leur production n’ait réellement été amortie, à quel point le passage à l’électrique est-il justifié ? Peu d’études le renseignent.
Je vais garder ma jolie voiture encore en très bon état.
(On pourrait aussi insérer ici une réflexion sur le train qui est bien plus cher que la voiture pour voyager dès qu’on est plus de euh… une personne environ. Voilà qui serait tout à fait écologique plutôt que de sponsoriser le renouvellement accéléré du parc automobile ou les industries aéronautiques.)
Mise à jour : Éric sur Mastodon me conseille d’aller compulser Climobil — attention, mélange d’anglais et de français dans l’interface, mais ça fait le boulot et c’est très intéressant.