Veille janvier 2022

De la typographie, de la normalisation, de la disponibilité, des plaisirs coupables et de la définition du handicap dans la société (oui, encore).

Normalisation et écarts à la norme

Un résumé d’un livre sur la typographie du métro de New York :

Dans son remarquable ouvrage, Shaw montre trois choses majeures : la force d’un projet de signalétique normalisée (le premier projet de Noorda et Vignelli déposé en 1966 a, malgré les transformations et les ajustements, été incroyablement solide et durable), la place importante, mais pas centrale, qu’y tient la typographie, et les écarts perpétuels, inévitables entre les documents standardisés du designer et le monde, toujours chaotique, qu’il cherche à transformer.

(C’est moi qui souligne) Quand on travaille dans un domaine où on pousse les gens à se rapprocher d’un standard, il faut se rappeler sans cesse que justement, le but ultime n’est pas forcément une conformité à 100%, mais une démarche.

Ce qui nous amène au lien suivant…

Conformité et empathie

Digital accessibility is the inclusive practice of ensuring that everyone has equal access to information, functionality, and experience on digital platforms.

Many accessibility guides out there are either too prescriptive (making it seem like a checklist), too aspirational (painting a utopian picture that doesn’t drive action), or too charity-driven (driving the point that people with disabilities are to be pitied).

This handbook is a little different.

Un manuel qui approche l’accessibilité en deux étages :

  1. conformité,
  2. empathie.

L’un ne va pas sans l’autre, sans quoi on pourra se rapprocher de la lettre tout en s’éloignant de l’esprit.

Du calme, Joe

Sur la frénésie et l’impression qu’avoir beaucoup de travail et un agenda de ministre est une bonne chose :

The problem with overeating at the buffet is you can’t fit anything else in. When you’ve squeezed your schedule, finances, energy, and family to the limit, there’s no margin.

Inevitably, a crisis will emerge, and then all those plates you’ve been spinning will come crashing down.

(Lire l’article entier qui parle d’Okinawa en partant des rations de nourriture qui sont plus appréciables quand on s’arrête avant d’avoir trop mangé. Si, si.)

Plaisir coupable

Je suis Austin Kleon depuis de nombreuses années (via Marie à l’époque où nous étions ensemble chez Clever Age, si ma mémoire est bonne), blogueur qui parle beaucoup de créativité mais rebondit dans beaucoup de directions, et c’est souvent profitable.

We all love things that other people think are garbage. You have to have the courage to keep loving your garbage, because what makes us unique is the diversity and breadth of our influences, the unique ways in which we mix up the parts of culture others have deemed “high” and the “low.”

Exactement. Le nombre de fois où j’enrichis ma compréhension de la sémiotique, par exemple d’une page web, elle-même venant en partie de la sémiotique visuelle des affiches, etc. ; le nombre de fois, disais-je, où la bande dessinée nourrit mon œil (et mon cerveau).

Handicap et citoyens de seconde zone

Une dernière, plus militante mais il faut encore et toujours militer, j’en ai peur.

« Désavantage souvent naturel, infériorité qu’on doit supporter » En 2020, la définition du Larousse fait encore croire que le handicap est une réalité médicale, une évidence naturelle, une observation dénuée de tout contexte. Et pourtant, si le mot handicapé peut correspondre à la fois à une personne sur une chaise roulante, un sourd, un dyslexique ou même un "débile léger" - pour reprendre une catégorie médico-administrative - c’est bien qu’il désigne d’abord d’un phénomène social. Le handicap dit surtout le regard d’un groupe social se considérant "valide" sur un autre qu’il estime "invalide".

[…]

Faut-il rappeler pourtant que l’enjeu n’est pas de gommer la singularité, mais bien d’admettre la différence ? Qu’adapter les institutions, ce n’est pas faire une faveur aux personnes en situation de handicap ? Qu’il ne s’agit pas d’un privilège accordé ?

Il ne s’agit pas d’un privilège, il s’agit pour les valides d’arrêter de penser le handicap comme « ces gens-là ».

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