Je suis tombé hier soir sur une interview de Claude Hagège sur Cinaps TV, la chaîne 31 de la TNT parisienne.
À un moment j’ai sursauté parce qu’il dit qu’il « vient de découvrir le mot “clope” », puis le linguiste remonte à son éducation pour expliquer qu’il est arrivé au français par ses lectures, et qu’il n’a donc jamais réellement été en contact avec la langue orale (« le verlan des cités » notamment, toujours pour reprendre ses termes).
On ne peut que s’étonner de ce genre d’affirmation : en tant que linguiste il ne peut qu’être homme de terrain (on n’observe bien un énoncé que dans la situation d’énonciation, c’est le postulat de base depuis les années 70), il a forcément été confronté à un grand nombre d’énoncés « du monde réel », et je mets donc ça sur le compte de la coquetterie dont il fait souvent preuve à la télévision (c’est un « bon client », comme on dit dans le jargon : cf. ses apparitions chez Bernard Pivot dans les années Bouillon de Culture).
Bref, il rapporte que ses amis lui ont souvent dit « Tu parles un français écrit. »
Au même moment je me surprends à penser que les gens de mon milieu (en gros, les gens qui sont « dans le web » depuis une dizaine-quinzaine d’années) ont, à l’autre bout du spectre, une écriture oralisée : nous écrivons nos mails, nos articles, nos contributions à des listes de discussions avec un formalisme plus proche d’un oral retranscrit que d’un écrit classique.
L’un ni l’autre n’est meilleur ou moins bon, c’est juste une observation en passant.