Ils ne savent pas ce qu’ils manquent...
Si, ils savent, parce que le plus souvent, c’est une posture.
Il y a d’abord la provocation naturelle. Une manière de faire comme Brel quand il chante "Les Bourgeois". On dit assez fort ce que le "bourgeois", parce que c’est ainsi que l’acheteur de livre est catalogué dans mon exemple, prendra le propos comme une claque, ou une paire de fesse impudiquement exhibée. C’est conscient ou pas, mais c’est leur manière de s’affirmer. Je l’ai fait. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, bien qu’affichant, avec ostentation, leur dégout du livre, ils lisent. Sans doute pas tous ceux qu’ils aimeraient lire, peut-être même uniquement ce que leurs études leur imposent, mais ils lisent. Sans le moindre mal de crâne.
Ensuite, il y a l’excuse. Ils ne sont pas là par hasard, ils veulent s’instruire, posséder, ou juste voir si le dernier opus de "fairy tales" est sorti. Mais peut-être manquent-t-ils de moyens. Ils ne peuvent pas "consommer du produit culturel", pardon, acheter un bon bouquin... Pour le troisième, c’est plausible. À moins qu’il n’ait, le troisième, toujours, entraperçu son râteau du matin même. La fille, ou le garçon, ne soyons pas sectaire, à qui il a avoué ses sentiments, qui l’a battu froid à la cafèt’ et qu’il ne peut plus voir en peinture, le temps de digérér et le pain-mayo et la blessure faite à son orgueil. Je m’en souviens, ça m’est arrivé dans une bibliothèque municipale. Cette fois là, c’était la peinture fraiche dans l’ascenseur...
Enfin, imaginons-le un peu fiévreux et assez mauvais malade, comme un garçon, souffreteux et pas très bon connaisseur de son propre métabolisme. Il a le tourni, il a mal mangé : un pain-mayo, ’tain, c’est pas assez, quoi ..., il voit des livres, et sa tête tourne... Il croit que ce sont eux ! voilà tout ! Je me souviens, au rayon boites de conserve d’un supermarché, ça me l’avait fait, à moi aussi, quand j’étais au lycée...
Je me reconnais, moi, dans ce jeune, alors que je suis plus vieux que vous tous ! Où sont passés vos souvenirs ? :D
Bref, faut pas juger le jeune trop hâtivement. Même en ces jours de console Nintendo, de Wii, de SMS M6, d’Internet et de Youtube. Ils sont tout pareil que nous quand on était petit : ils vont grandir, ils le savent, et ils flippent. :P