Bonjour à toustes en ce beau vendredi [1],
J’en avais déjà parlé à mots fleuris dans ces pages il y a un moment [2]. Rappelons déjà que l’écriture inclusive n’est pas uniquement une variante typographique basée sur le point (« . ») ou le point médian (« · »).
On confond dans ce terme « d’écriture inclusive » quatre possibilités d’écriture différentes. (Je me permets de graisser/surligner certaines parties de phrases au cas où l’une ou l’autre d’entre nous n’aurait pas le temps de tout lire et pratiquerait la lecture cursive [3]).
- L’inclusion en n’utilisant pas la seule forme censément « neutre » en français, le masculin. On peut ainsi utiliser le pluriel de proximité (où l’on accorde les adjectifs avec le dernier mot d’une énumération : « les poulets et les poules étaient joyeuses »), le pluriel de nombre (« Le directeur, la cheffe de projet et les développeuses ont été toutes exemplaires »). On peut aussi expliciter les deux genres (« toutes et tous » [4]).
- Les écritures épicènes, autrement dit des mots véritablement neutres (« les personnes en situation de handicap »).
- Les néologismes comme « iel », « celleux », « utilisateurices ».
- les nouvelles graphies à base de variantes typographiques (« motivé.e.s », quant à moi j’utilise plutôt « motivé·es ») quand je ne peux vraiment pas faire autrement.
Pour l’accessibilité des textes en tout cas, j’utilise les 3 premières solutions sans qu’aucun problème ne me soit signalé depuis plusieurs années, et je communique pourtant beaucoup avec des utilisateurices de lecteurs d’écran et de personnes dyslexiques.
C’est un peu comme les textes alternatifs sur une image : au début on a l’impression de devoir prendre beaucoup de temps à y réfléchir, et puis avec la pratique ça devient beaucoup plus automatique. On perd au moins autant d’énergie mentale à se poser des questions d’orthographe (dernièrement j’ai utilisé « auspices », ah zut c’est masculin ou féminin ? [5]).
Dans l’ensemble on s’en sort le plus souvent avec les 3 premières solutions sans variante typographique. Si on veut défendre l’inclusion et participer à ne pas invisibiliser la très grosse minorité représentée par les personnes qui ne sont pas des hommes [6], si on veut aller contre les stéréotypes de genre (fréquemment nous disons « le médecin » mais « l’assistante sociale » [7]), il y a sans doute un sujet à creuser.
On notera que dans ce texte :
- J’utilise un néologisme (« bonjour à toustes », « utilisateurices »).
- Je donne la priorité à la forme féminine (« l’une ou l’autre »).
- J’utilise une formule épicène (« des personnes dyslexiques »).
En conclusion : j’ai écrit en écriture inclusive [8] sans poser de problème d’accessibilité a priori. Nuançons donc la défiance envers l’écriture inclusive, défiance le plus souvent sans fondement et qui montre surtout une méconnaissance de la question dans son ensemble.
PS : on se référera avec profit aux liens suivants.
- WordPress 5.6 : des changements visant à améliorer l’inclusivité de l’interface d’administration, d’où je tire le plus gros de mon approche à ce jour.
- Écriture inclusive et accessibilité numérique, table ronde lors des Journées d’étude technologies et déficience visuelle, une mine de réflexion sur l’accessibilité de ladite.
- Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe produit par le Haut Conseil à l’Égalité.
- Écriture inclusive : le genre neutre existe-t-il vraiment en français ? (article de Libération en 2017 à l’époque du grand débat sur le « péril mortel » que poserait à la langue française l’écriture inclusive pour l’Académie Française).
- Et pour le plaisir : Écriture inclusive en « une » du « Monde » passée comme une lettre à la poste.