La rentrée scolaire a ceci de charmant qu’elle est toujours l’occasion d’entendre quelque mot amusant qui vous met en joie pour un petit moment. Celle-ci n’a pas dérogé à la règle.
J’écoutais tranquillement la radio la semaine dernière en gobant goulûment mon chocolat au lait du matin, quand j’ai entendu un animateur FM branché (une de mes engeances préférées, avec les banquiers, les patrons et les journalistes à sensation) accueillir à l’antenne un lycéen (dont on se demande bien ce qu’il pouvait faire au téléphone si tôt le matin au lieu de se préparer à aller en classe). Et l’animateur, de lancer joyeusement un : "Alors, ta rentrée, ça s’est bien passé ? Bof, hein ?"
Le jeune homme, tout timide comme on se doit de l’être quand on cause dans le poste, rétorque gentiment : "Ben... oui." L’animateur tente de lui faire avouer alors que "l’école" (je passe sur la terminologie simpliste), c’est vraiment pas rigolo. Le lycéen de répondre que ça ne le gêne pas. C’est tout juste si en retour l’animateur ne l’a pas conspué !
Je trouve incroyable cette culture du reniement de l’enseignement que nous avons parfois. Bien sûr que notre système scolaire n’est pas parfait (loin s’en faut), mais tout de même. Faut-il forcément détester un des vecteurs principaux du savoir ? Faut-il donc, pour être intéressant aux yeux du monde, être forcément le cancre bruyant qui fait l’admiration des plus timides ? Il doit bien y avoir une autre approche de ce système.
Dans le coin opposé du ring, toujours la semaine dernière, je passe sur une radio nationale. Là, le ton est plus retenu, on sent bien qu’on ne rigole pas avec l’école —d’autant que les auditeurs de France Inter (mince, je l’ai dit) se recrutent aussi parmi les profs. J’apprends que nos ministres de l’éducation (les fameux duettistes mâle et femelle [1]) ont de concert confié leurs inquiétudes au sujet de la violence en milieu scolaire. Ils ont en effet été vérifier sur le terrain que la rentrée scolaire se passait sans encombres —dans une école de Neuilly !
Comme dit mon camarade Jessie, on vit parfois des moments authentiques !