Ralentir pour apprécier l’important

Traduction d’un article de Garr Reynolds (Slowing down to appreciate what’s important) qui, je trouve, explique très bien les priorités qu’on doit avoir dans l’existence.

Photo de naissance

Il y a environ deux ans, la fréquence de publication sur Presentation Zen a un peu baissé. Ce n’est pas par manque d’idées : j’ai des dossiers pleins d’idées et d’échantillons que je souhaiterais partager. Cependant, il y a deux ans en avril est arrivé un événement extraordinaire (en tout cas, extraordinaire au moins pour ma femme et moi) : notre premier enfant, une fille, est né à Osaka. Et la semaine dernière notre deuxième enfant, un garçon, est né dans le même hôpital (voir photo ci-contre). Je sais que c’est un cliché, mais les enfants, ça change tout.

Au moment même où j’ai tenu pour la première fois il y a 23 mois ma fille dans mes bras, j’ai eu l’impression d’avoir fondamentalement changé, d’une certaine manière. Cette étude suggère que mon cerveau même a peut-être changé : « Un père produit de nouveaux neurones dans son cerveau et subit des changements hormonaux après la naissance d’un enfant. » Même si ma passion pour mon travail, mon intérêt aigu pour le développement personnel, l’enseignement, mon envie d’aider les autres pour leurs présentations n’ont pas du tout baissé, j’ai découvert que de plus en plus de choses (tout, finalement) passent après la simple envie d’être avec ma fille (et bientôt mon fils). Je suis encore frustré de ne pas faire autant de travail que je l’espère, mais je ne veux pas non plus m’éloigner de ma famille. Mes enfants m’ont enseigné une leçon importante : il faut apprécier chaque moment, même ceux qui semblent les plus insignifiants.

Ichi-go ichi-e : chaque rencontre est unique

La slide ci-dessus en 16/9e montre une photo prise cette semaine, qui raconte une histoire. Je prenais mon petit déjeuner en parcourant mes mails tandis que ma fille de 23 mois, que j’avais déjà nourrie, baignée et habillée, jouait près de moi. Alors que j’essayais de travailler en profitant de mon café, ma fille grimpe soudain sur mes genoux et me prend une tartine. Argl ! Je pourrais voir ça comme un travaillus interruptus, mais j’ai appris à « suivre le courant » [1] et à profiter de ce genre de moments. Bien sûr, ceci explique pourquoi ma capacité à répondre aux mails a pris du plomb dans l’aile. Et bon, c’est la vie [2].

Ce moment ne se répétera jamais

Le concept de Ichi-go ichi-e (一期一会) vient de la tradition du thé. Approximativement il veut dire « une fois, une rencontre », ou « une rencontre, une chance », ou « chaque rencontre est un trésor ». Il nous rappelle une idée tellement évidente mais qu’on oublie trop souvent. Il nous dit qu’aucun instant de la vie ne se répétera jamais, chaque moment est unique, et nous devrions reconnaître ce moment et être dans ce moment en sachant qu’il ne se reproduira pas. Personnellement, cette expression me rappelle de ralentir, d’apprécier chaque « rencontre », en particulier avec mes enfants. Voilà pourquoi la fréquence de mes articles sur Presentation Zen a baissé (et la fréquence de photos de bébé sur Facebook a augmenté). Je suis en train d’écrire des livres, et je partagerai autant de contenu que je peux ici plus régulièrement, sur les sujets divers que sont les présentations [3], la créativité, l’éducation, etc. Je voulais simplement vous remercier de votre soutien, de tous vos mails et de tous vos commentaires pendant toutes ces années. Ça veut dire beaucoup pour moi. Je ferai de mon mieux pour publier plus d’informations utiles plus rapidement.

(Article traduit de Slowing down to appreciate what’s important par Garr Reynolds avec son autorisation.)

Notes

[1Note de traduction : ‘go with the flow’, expression assez fréquente en anglais, vient du Tao. Je ne connais pas l’expression (beaucoup moins fréquente) équivalente en français, si vous la connaissez merci de me l’indiquer.

[2En français dans le texte.

[3Note de traduction : si vous ne le connaissez pas encore, Garr Reynolds est un grand spécialiste des présentations publiques.

Commentaires

  • Nico (8 juin 2012)

    Je ressens ça aussi quand j’ai mon fiston dans les bras, j’étais déjà assez à "savourer l’instant présent", mais avec lui, c’est encore plus fort. Rien que le franchissement d’un obstacle est toute une aventure, et même un bête fauteuil se transforme en une aire de jeu d’une richesse insoupçonnée. :)

    Des petits moments qui ont une saveur proprement délicieuse, c’est quelque chose à ne jamais négliger... car personne ne me rendra le temps que je ne passe pas avec lui.

    Répondre à Nico

  • Stéphane (8 juin 2012, en réponse à Nico)

    Nico : Oui, ça fait un moment que ça me tient aussi (voir Dose quotidienne de bonheur, Loin d’un ordinateur) mais c’est bon de rester attentif, et Garr le dit très bien :)

    Répondre à Stéphane

  • Cyberbaloo (8 juin 2012)

    Merci pour cette traduction. Bel article.

    Répondre à Cyberbaloo

  • urbanbike (8 juin 2012)

    Et je confirme que 20 ans plus tard, c’est toujours aussi fort…

    En fait, passer du temps avec ses mômes (même si c’est parfois rock and roll) est essentiel. peu importe que ce soit intense ou pas. L’important pour eux comme pour nous, c’est de partager ces moments là… Tous…

    Et cela relative le poids de Monsieur Le Client. De plus, je sais qui sont les vrais patrons dans l’histoire… !

    Hop, mon iPad me l’indique : dans une heure, aller cherchez ma petite princesse…

    Répondre à urbanbike

  • tetue (8 juin 2012)

    Lu dans mon flux RSS, après avoir renoncé à te reconnaître sur les photos, je pensais c’était une blague et m’étonnais de l’absence de chute qui l’expliquerait… passant à côté de la beauté du témoignage. Le chapeau de l’article, qui explique que c’est une traduction ne passe manifestement pas dans le flux et c’est du coup doublement gênant que tu sois techniquement (SPIP) auteur de l’article :P

    Répondre à tetue

  • Stéphane (8 juin 2012, en réponse à tetue)

    tetue : Regarde bien la dernière ligne de l’article... Je vais me supprimer en tant qu’auteur, bonne idée.

    Répondre à Stéphane

  • Stéphane (8 juin 2012)

    ... et ainsi fut fait... :)

    Répondre à Stéphane

  • Frank Taillandier (8 juin 2012)

    Bel article sur l’importance du présent.

    Pour "go with the flow" il faudrait demander leur traduction à des personnes qui pratiquent le taï-chi-chuan, mais c’est bien l’idée de "suivre le mouvement (le flux)" mais pas au sens péjoratif du terme au contraire.

    Répondre à Frank Taillandier

  • Emmanuel (9 juin 2012)

    Mon enseignant d’Aïkido prends l’exemple suivant : frappez vos mains l’une contre l’autre, répétez le mouvement, ce ne sera jamais le même, il est unique, la position, le son, la force, l’attitude, la pensée, la respiration,... même les choses qui se répètent ne sont jamais les mêmes.
    Impec’ la traduction de "go whith the flow".

    Répondre à Emmanuel

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