
C’est une vieille histoire. Un de ces albums dont on désespère de les voir publiés un jour. Il y a une dizaine d’années de cela, les six premières pages, encore à l’état de croquis, ont été publiées dans Polémicker, chouette fanzine que ses créateurs ont depuis abandonné pour se consacrer aux Éditions du Cycliste.
Or donc, à l’époque c’était un projet solitaire, quand Loisel était auréolé de la gloire de la Quête de l’Oiseau du Temps. Il s’est adjoint les services de Sternis au dessin, et enfin l’album est paru.
Et

c’est bien mieux comme ça ! Bien mieux qu’il soit paru plutôt que de traîner misérablement dans les cartons des projets repoussés ad vitam eternam, et bien mieux que Sternis ait pris le crayon. Parce qu’il faut vous le dire : c’est entièrement fait au crayon, un peu comme le Sommeil du Monstre de Bilal. Mais avec plus de matière (ce qui peut paraître paradoxal pour un dessin un peu moins réaliste). On sent bien encore par endroits les croquis de Loisel (voir le vieil oiseau), mais l’ensemble a tout de même une fraîcheur et une légèreté qui lui échappent souvent (la faute à un encrage trop chargé, peut-être).
En fait, c’est tout l’album qui est résumé par ce terme de fraîcheur. Les questions naïves de la jeune Pyrénée, les réponses des animaux (un lapin notamment), et encore et toujours un dessin magnifique et des couleurs qui caressent la rétine.
Bien sûr que cette enfant élevée par un ours fait penser au Mowgli du Livre de la Jungle, mais la comparaison s’arrête là : le scénario laisse la part belle aux vraies questions que se pose un adolescent (dans le livre qui nous occupe, une adolescente), de l’amour à la reproduction, de la recherche de points de repère à la volonté d’être soi-même.

Un vrai plaisir simple, mais qui reste longtemps en mémoire —et qui supporte bien la relecture !