Ce qui me tue encore maintenant quand je l’écris dans mon cahier, c’est que je ne sais pas du tout quels mots je peux trouver pour vraiment raconter tout ce que j’ai senti. Ce que je voudrais c’est pouvoir toujours avoir à ma disposition les mots pour décrire les choses. Les gens qui ont ce don-là, c’est comme Mutti [1] et Beethoven à mon avis, ils peuvent se donner du bonheur quand ils veulent, à n’importe quel moment de la journée. C’est des privilégiés, voilà.
— Des cornichons au chocolat, Philippe Labro
C’est censé être dit par Stéphanie, l’auteur apocryphe sous le nom de qui le livre a été publié en 1983.
J’aime l’ironie d’un aussi grand styliste que Philippe Labro imaginant ce que pense une fille de treize ans de l’écriture.
Et, par un drôle d’effet-miroir, je regarde nos gammes aux uns et aux autres, et je me dis que quand on sort une phrase juste (comme une note juste), on se sent effectivement privilégié, quelques secondes.