Il y a un journaliste qui perd chaque jour un peu de sa vie.
Aujourd’hui ma société est détruite. Sans avoir pu me déplacer pendant huit mois je n’ai pas pu travailler et je n’ai pas gagné d’argent. Ma famille souffre, elle est oppressée et terrifiée, quand elle n’a pas peur que l’on m’enlève la vie elle en arrive à craindre en secret que je ne le fasse moi-même. Ma vie privée aura explosé sous la pression et les absences obligées, j’ai perdu le peu d’amour qu’il y avait dans mon quotidien. Je n’ai plus d’appartement. Je ne gagne pas 300€ par mois. Je n’ai pas de voiture. Je ne possède plus rien. Voilà, c’est la réalité de ma vie depuis qu’on a décidé de me la pourrir par tous les moyens.
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La France ne chéri[t] plus sa liberté. Elle se satisfait du médiocre et du prêt-à-penser. Elle s’enflamme un million de fois plus pour une faute d’arbitrage dans un match de foot, que contre l’interdiction de donner de la nourriture et de l’eau à des réfugiés. Elle accepte que ses libertés lui soient arrachées simplement pour ne plus ressentir l’angoisse en regardant un journal de 20h. Oui, ça coupe l’appétit de voir la misère, de savoir qu’en bas de chez soi des gens souffrent, dorment et meurent dans la rue, sont pourchassés et traités comme des chiens. Oui, c’est dur de voir ses enfants se faire tirer dessus par sa propre police. Oui, ce n’est pas facile d’accepter de vivre dans un pays qui devient raciste et qui l’assume. Un pays qui frappe ses citoyens sans raison, qui ruine les vies d’innocents, qui pourchasse les témoins, qui emprisonne les journalistes, qui gouverne par ordonnance comme Louis XIV… Jamais nous n’avions autant eu besoin de journalistes pour le dire, pour le démontrer. Pour le dénoncer.
Je ne sais pas quoi dire. Je suis juste abasourdi par cette France-là, celle de l’état d’urgence qui sera bientôt l’état de droit commun.
Adoubez Macron, braves gens, en rang et en silence. Est-ce que ça vous permet seulement de mieux dormir ?