j’avais croisé des déjà grands noms du web et je frôlais les murs
Comment expliquer que nous qui étions sur scène pas loin desdits « grands noms » nous n’en menions pas large ?
Nous étions des groupies (en tout cas moi j’étais et je serai toujours une groupie), il suffit pour s’en convaincre de relire la genèse du projet :
Imaginez vous asseoir autour d’une table à trois, lister tous les noms qui vous viennent spontanément comme les orateurs de la conférence francophone idéale que vous aimeriez voir, puis les contacter un à un et les voir tous accepter spontanément.
Et pour cette sixième année, même si les uns et les autres on se sent maintenant davantage « en famille » qu’en représentation, je reste très honoré que tous ces « notables » m’acceptent dans leur cercle. [1]
Tâchons de nous calmer un peu et de résumer, tant que faire se peut.
Un début de maturité des métiers
Ce qui m’a frappé, c’est la fréquence des mots « bonnes pratiques », « industrialisation », apportée sans doute en partie par le thème (KISS) mais pas seulement. Pour n’en reprendre que quelques-unes : la conférence de Thomas Parisot (« Industrialisation de l’intégration Web : la révolution de l’artisan devenu ouvrier »), celle d’Élie et Laurent(« Accessibilité : soyons agiles »), celle de Denis (« SEO, mobilité et accessibilité : la sainte trinité d’un développement Web inclusif ») notamment.
Ah oui, la mienne aussi. (au passage, merci à Mat pour —comment déjà ?— sa « question brute » sur la couleur : quand on travaille chez Orange on veut pouvoir expliquer tout le travail d’accessibilité délicat avec une telle charte, et je ne savais pas comment raconter toute cette histoire pour bien montrer les cheminements et l’intégration des contraintes)
Des conférences excellentes
Faut-il le rappeler ? À Paris Web on voit des interventions de niveaux variés, mais à part quelques moments délicats l’impression d’ensemble est à chaque fois qu’on assiste à un moment exceptionnel.
Ainsi cette année, Robert Nyman et Peter-Paul Koch : un régal.
Et puis un jour j’adorerais avoir la classe d’un David Rault, mais il ne faut pas rêver. [2]
Enfin mention spéciale aux Lightning talks, moment de folie pure organisé par Robin et Daniel, et à la frénésie qu’ils ont déclenchée. Une grande réussite, ce n’était pas gagné.

J’aimerais détailler tout ce que je tire de ces deux jours, mais il va falloir laisser décanter.
Une pensée pour Stephanie Troeth, coincée à Londres pour des raisons de paperasse, qui nous a bien manqué.
De l’improvisation
Je profite d’avoir la parole (!) pour remercier le staff de Paris Web pour nous avoir permis, à Denis et à moi, d’improviser un atelier qu’on aurait voulu nommer « Accessibilité agile en action », pour illustrer plusieurs conférences sur le sujet par la pratique.
Au final ç’a été un genre de fourre-tout où l’on a pu à bâtons rompus discuter des 4 façons de faire un lien accessible, avantages, inconvénients... ça donne envie, hein ?
Bref merci le staff. Je reviens à vous juste après l’envolée lyrique qui arrive.
La quête d’un idéal
« Accessibilité, qualité et design » disions-nous en 2006.
Cette année, à force de persévérance et avec l’aide de sponsors intelligents, les conférences ont été intégralement vélotypées (si c’est un néologisme je m’en excuse, il est tard) et traduites en langue des signes, dans les deux amphithéâtres.
Cette année, malgré son appréhension visible, Sophie a fait une conférence.
Je me suis dit que j’étais dans un rêve et je n’y croyais pas.

À ma connaissance c’est la seule conférence web au monde où il y a la LSF tout le long des conférences. Quelle joie de voir au moins six personnes sourdes participer, montrer à ceux qu’il faut encore convaincre qu’elles parlent et pensent au moins aussi vite que vous (question d’une fille sourde dans l’assistance à la table ronde des navigateurs qui laisse pantois le reste de l’assistance).
Saluons au passage le boulot formidable des vélotypistes et des interprètes LSF. Voir des dizaines (centaines ?) de personnes entendantes dire bravo en LSF, il faut le voir pour le croire. Applaudissements mérités.
Cette année Paris Web a touché du doigt l’idéal que nous voulions porter en fondant l’événement, je ne saurais jamais assez le répéter. Le staff mérite une accolade énorme.
Une petite anecdote : l’un des participants m’interpelle samedi pendant les ateliers, et tape sur son clavier en disant que pendant deux jours (je cite) « j’étais comme vous ». Il ne faut pas me faire ça après trois jours d’émotion et de manque de sommeil, j’ai été bien cueilli. :)
De l’amour
Que vous dire d’autre, au risque comme tous les ans de me faire traiter de Bisounours ?
Ravi encore et toujours de rencontrer de nouvelles personnes (Denise Jacobs, par exemple, qui a un splendide karma), de rencontrer en vrai des gens que je suis en ligne depuis longtemps, de revoir mes copains/collègues/confrères/auteurs favoris/artistes que je vois si peu souvent.
Je continue à trouver que ces trois jours passent à une vitesse folle, pas une minute n’est en trop.
Finissons par les copains du staff. Cette année j’ai complètement coupé le cordon et retrouvé le plaisir de la surprise, comme « quelqu’un du public ». Effectivement vu de l’extérieur l’organisation est parfaite, je suis très heureux d’avoir vu ça et très fier de connaître les belles âmes du staff.
Très heureux comme tout le monde d’avoir vu ça, très heureux d’avoir passé trois jours pile à l’endroit où on se sent chez soi, en famille. À Paris Web, on est pile à l’endroit où il faut être. Très honoré de faire partie de cette famille, vraiment et sincèrement.
Merci à tous pour toute cette intelligence, toute cette rigolade, tout cet amour. Je me suis régalé comme un fou. Vivement l’année prochaine !
Crédits photos : photo de Karl par Franck, photo de Sophie par Jean-Philippe (je suppose)