Il y a très longtemps de ça, on m’avait demandé ce que je voulais comme cadeau, et j’avais demandé la cassette audio [1] de One Voice, un concert qu’elle a donné un soir de 1987, chez elle, dans son jardin.
J’ai plus d’émotion à écouter ça que, par exemple, un discours politique. Mais c’est un exemple,il vaut ce qu’il vaut.
Et un jour, vous avez tous vécu ça, on prête ce qu’on aime pour le faire découvrir et le partager, et de temps en temps ça ne vous revient pas. Le prêt dure, les gens se perdent de vue… et je n’ai plus la cassette.
Il y a quelques semaines j’ai découvert coup sur coup :
- que le concert avait été enregistré en vidéo,
- qu’un malin l’avait mis sur Youtube [2],
- que c’est Robin Williams qui faisait l’introduction (qui n’était pas reprise dans la cassette).
J’étais chez mon petit frère, on se faisait un petit marathon vidéo, et on tombe là-dessus. Nous sommes restés à regarder tout le concert, moi chantant comme une casserole, mais une casserole forte.
Il faut écouter Somewhere over the rainbow, ce jeu de puissance débridée et de notes retenues, c’est incroyablement sophistiqué, c’est d’une maîtrise vocale absolue, une alliance d’énergie et de fragilité inouïe. Depuis 1987, même quand je vois Judy Garland chanter dans Le magicien d’Oz, c’est la version de Barbra Streisand qui me vient en tête, et les larmes aux yeux.
Et donc voilà-t-il pas qu’en rentrant à la maison l’autre soir, j’ai un paquet Fnac. C’est étonnant, je n’ai rien commandé, et puis ce n’est pas mon anniversaire, qu’est-ce à dire ?
J’ouvre fébrilement, je ne trouve pas de mot personnalisé, à part le petit papier de la Fnac qui me remercie de m’être fait livrer un paquet. Mais non, puisque je vous dis que je n’ai rien commandé. Je retire le papier et vous l’aurez deviné : le DVD de One Voice.
Ma fille me dit : « C’est quoi ce DVD ? » Je réponds, les yeux brouillés : « Bin… c’est mon concert préféré de toute ma vie. » La surprise m’a ému comme rarement, c’est étonnant non ?
Quelques minutes un peu bouleversé (mais je le cache un peu parce que j’ai ma dignité de mâle), je ne comprends pas, incapable à ce moment-là de savoir qui aurait pu m’envoyer ça, là, maintenant.
Le temps de me reprendre, j’ai mené mon enquête et, là encore tu l’auras deviné gentil lecteur : c’était l’œuvre de mon petit frère, comme ça, parce que ça « devait me faire plaisir ».
Il est rien chouette mon petit frère, non ?