Il est en train de téléphoner sur le trottoir, il fume tout en longeant une clôture en allers-retours distraits. Il finit sa cigarette, la jette négligemment par terre, puis du bout du pied la pousse vers une strie dans une plaque de fonte, un regard qui permet d’accéder aux goulottes souterraines de télécommunications.
J’imagine le prochain technicien qui va venir, et qui devra d’abord déboucher le regard à la pelle pour enlever les dizaines de mégots glissés là.
Trois quinquagénaires en VTT font une pause au coin de la rue. Deux d’entre eux discutent tandis que le troisième sort sa gourde et boit quelques gorgées.
Et puis il la presse fort pour faire un jet vers le ciel, qui retombe sur ses deux camarades ; il prend l’air innocent en regardant ailleurs. En pleine discussion, ils ne réagissent pas. Il recommence son manège. Les deux autres s’interrompent, regardent le ciel, qui est clair. Ils se retournent et tout le monde rit, d’un rire simple et enfantin.
C’est bien de rester un enfant, par moments.
En attendant le train sur le quai de gare, elle pose ses affaires sur un banc. Met les pieds sur la bande podotactile, suffisamment loin du rebord et dos tourné aux personnes qui pourraient passer pour éviter de les cogner par inadvertance dans un mouvement de bras. Serre les pieds. S’incline jambes tendues. Et va toucher le sol de ses doigts.
Le yoga à l’heure du départ.