Notules de TGV (le voyage de retour)

Des montres, de la posture anti-système, de la neige après le grésil, et de la mécanique mélomane.

Il a une Apple Watch. Elle est configurée pour afficher une montre à aiguilles, et pour ne jamais s’éteindre, sans quoi l’effet est moindre je suppose. Il y dépense donc une bonne part de la charge de sa batterie (de mémoire l’écran est responsable de 70 ou 80 % de la consommation). Un autre homme à l’aller avait fait les mêmes choix énergétiques discutables.


Il a un gros smartphone, de ceux qui ont quatre objectifs photo, sur lequel il joue tout en regardant un film sur son ordinateur portable, après quoi il bascule vers Deezer puis Steam. Il est connecté au monde, avec toute sa technologie et ses baskets Puma tape-à-l’œil.

Un gros graffiti « FUCK THE WORLD » orne le dos de son sweat-shirt à capuche. Un autre genre de rebelle anti-système.


Il a étalé devant lui et dans le vide-poche de l’appuie-tête au-dessus toute la presse qu’il a pu trouver, passe d’un quotidien à l’autre. Quand il en déplie un, ça fait comme une aile de mouette qui répand l’odeur de plus en plus rare de la pulpe du papier et de l’encre qui noircit les doigts.


La même campagne dans l’autre sens a deux centimètres de neige. On joue à croire qu’il y en a plus. Les mêmes herbivores dans les mêmes champs se détachent, hier sur fond vert, aujourd’hui sur fond blanc.

Me revient en mémoire l’exercice de dessin d’école primaire où on peignait sur papier noir un décor d’hiver à coups de gros pâtés de gouache blanche. Je souris comme un môme en regardant dehors sous l’œil perplexe de mon voisin.


J’avais noté dans un coin, lors d’un autre passage en gare, encore une petite notule. Je ne sais plus si je vous l’ai déjà partagée, alors la voilà.

L’escalator grince un peu. Il fait trois notes un peu plates et longues, qu’il répète à intervalles réguliers intercalés de silence. Un refrain sonore et des couplets muets. Ah oui, je reconnais : c’est Summertime !

Commentaires

  • Olivier (22 novembre 2024)

    J’adore ces objets inanimés qui nous chantent des trucs. Merci pour ces notules.
    Et si tu ne connais pas, jète une oreille aux Blaireaux de Ravel « dans les gares » 🙂

    Répondre à Olivier

  • Anna (23 novembre 2024)

    J’ai entendu un oiseau chanter les quatre premières notes de "I feel pretty", cet été.
    Oh, et vu un cormoran survoler le pont quelques mètres devant mon vélo ce matin. 🙂

    Répondre à Anna

  • Sacrip’Anne (25 novembre 2024)

    Je souris comme une môme quand je vois tomber la neige, et tout de suite beaucoup moins quand il faut marcher dessus un peu fondue, un peu gelée...

    Répondre à Sacrip’Anne

  • Stéphane (25 novembre 2024)

    Sacrip’Anne : Je lisais une personne sur les réseaux il y a quelques jours dire en substance : OK, ça pose des problèmes, mais profitons au moins quelques secondes de ce ravissement d’enfant. C’est bien pensé 🙂

    Répondre à Stéphane

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