Un couple arrive avec un petit enfant comme dans les livres (les bouclettes, le gazouillis, un an maximum). Le papa installe l’enfant, un homme attend pour passer, que dit-il à voix basse on ne sait pas ; toujours est-il que le père se redresse et lance sèchement : « Oui hé bien vous allez attendre trente secondes et après vous pourrez passer, hein ? »
Je recroise l’enfant dans les bras du père une heure plus tard, qui fait des coucous radieux.
Quelque part à mi-chemin entre Paris et Lyon, l’herbe a les tempes grisonnantes. Avec la vitesse ce que je prenais pour un brouillard est un grésil horizontal.
En anglais grésil se dit “sleet”. C’est très joli comme mot. Prononcé slîîîîît, avec un « i » long légèrement diphontgué. C’est aussi le mot du Daily Haiku Prompt, un défi quotidien d’écrire un haïku avec un mot imposé. C’est bien vu.
On a juste le temps de voir un restaurant au détour d’une route. « Le relais des loups » ?
Les herbivores quant à eux continuent à paître malgré le froid dans des champs séparés par des petites haies d’avant les remembrements, impassibles.
Je n’ai plus de piles dans mon casque anti-bruit, tête de linotte. À défaut, Bobby McFerrin chante ses Circle Songs avec un fond de vrombissement.
Mon esprit au ralenti avait tapé « Bybbo ». Il faut toujours se relire. Et trouver une supérette pour les piles au retour.
Il lit Changer l’eau des fleurs, roman de Valérie Perrin dont j’entends vaguement parler en ce moment, mais par qui et pourquoi ? Me revient Viktor Lazlo, chanteuse hiératique des années 80, et sa bluette gentiment lancinante. Je fredonne intérieurement sans pouvoir retrouver le titre.
Je ne vais pas chercher la réponse en ligne, je préfère laisser errer la mémoire. On ne le fait plus assez, la faute aux internets. Ça reviendra. Ou pas, et ce ne sera pas grave.