Je viens de voir une vidéo de promotion d’Elioz, qui montre une solution de relais en langue des signes pour participer à des réunions et à des conférences téléphoniques, mais aussi pour (je suppose d’après ce que je comprends) téléphoner plus facilement.
Je cite un des salariés sourds montrés dans ce reportage :
Je n’ai plus besoin de demander à mes collègues de passer des coups de fil, ce qui pouvait être lourd à gérer pour eux
Ça m’a fait penser à un point qui m’agace depuis longtemps, c’est donc l’occasion d’en parler.
Autant pour des réunions tous les systèmes d’interprétariat sont nécessaires et je ne dirai jamais assez tout le bien que j’en pense, autant le fait de devoir à tout prix passer par le téléphone pour de simples coups de fil m’insupporte.
Avant même d’avoir été appareillé, j’ai eu depuis longtemps une préférence nette pour l’écrit. À l’époque où j’ai commencé à parler aux gens de mail, de chat, d’IRC, d’ICQ quand ça existait encore, on me disait souvent que bon, tu sais, taper ce n’est pas si facile, c’est lent, etc.
OK, soit.
Je préfère l’écrit, parce que le téléphone est fatigant pour moi, parce que je ne comprends pas les noms des personnes que je ne connais pas trois fois sur quatre, parce que si votre voix ne m’est pas très familière je fais énormément d’efforts de reconstruction de votre message. Mais, comme ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’on doit faire chier les gens avec son handicap, j’ai toujours tenté de m’adapter.
Dans l’autre sens, j’ai aussi essayé de motiver un certain nombre de mes interlocuteurs à écrire plutôt que parler : c’est fréquemment un échec.
Je vous passe la collègue qui tente quatre fois de me téléphoner en dix minutes (je n’étais pas disponible), qui ne laisse pas de message, mais qui n’envoie ni SMS ni mail pour m’expliquer en quoi elle avait besoin de moi. Pour elle, il faut que ce soit oral.
Je vous passe le fait que dans ma signature je mets explicitement « SMS de préférence, merci », pour recevoir envers et contre tout des appels téléphoniques pour des points qui auraient aussi bien été traités par écrit, voire plus efficacement (souvent le téléphone bloque les deux interlocuteurs un certain temps, pas forcément compatible avec leur emploi du temps, alors qu’un mail est asynchrone et permet de structurer sa pensée).
L’effort est toujours dans le même sens, sous prétexte que ce monde appartient aux valides. Dans ma situation, il ne s’agit pas de reconstruire tous les trottoirs d’une ville ou d’équiper tous les feux tricolores de signaux sonores. Il s’agit juste, de temps en temps, de se mettre à ma place et de comprendre que je préfère lire et écrire plutôt qu’écouter.
Il n’est pire sourd que celui qui ne veut point entendre, et c’est fort dommage.