Avant tout, laissez-moi préciser certaines choses : je crois en la grève. J’ai déjà fait grève à de nombreuses reprises, et il me semble que c’est un levier important pour que les salariés se fassent entendre par leur patron quand les voies normales de la discussion sont dans l’impasse. Je n’aime pas non plus l’expression « usagers otages » qui permet aux médias de se faire des sensations à peu de frais, me semble-t-il.
Pour résumer, quel est le but premier de la grève ? Faire suer son patron et le forcer à reconsidérer une situation à problème, soit directement préjudiciable aux salariés, soit indirectement préjudiciable aux clients [1].
Depuis quelque temps, dans les transports publics, que se passe-t-il ? Les grèves sont relativement fréquentes. : je n’ai pas de chiffres réels, mais en me fondant sur mon ressenti je sortirais bien de mon chapeau une fois par semaine rien qu’entre le RER B et le RER C.
Le problème, c’est que le réseau de transports d’Île-de-France commence à accuser son âge, nonobstant les efforts méritoires des pouvoirs publics pour le tenir à flot. Donc les pannes sont fréquentes : il n’est pas rare de mettre deux heures pour arriver au travail là où en théorie il faut 45 minutes.
Faute de communication suffisante [2] le voyageur résigné (ou en colère, peu importe) tend le dos à chaque passage dans une gare de RER : il regarde les affichages des horaires en temps réel et ne peut que constater le retard. Il n’a pas le choix il doit aller travailler et rentrer chez lui. Les annonces sont souvent très rares, et on ne distingue plus une panne d’une grève.
Où est-ce que je veux en venir ? À l’efficacité des grèves. Aujourd’hui au mieux les négociations reprennent avec le patron, au pire rien ne se passe. En tout cas c’est le voyageur qui subit, souvent dans le flou sans même savoir s’il s’agit réellement d’une grève ou d’une énième panne ; notez que ça lui est indifférent : il veut juste arriver à bon port. J’emploie « indifférent » volontairement, e ne suis même pas sûr que le voyageur ait encore de la sollicitude pour les grévistes. C’est dommage mais c’est comme ça.
Alors, que faire ? Je ne sais pas, moi, mais voilà une idée : ouvrir les barrières et ne pas faire payer les voyageurs. Voilà qui ferait directement suer votre patron, camarades RATP/SNCF/STIF, et qui vous rendrait populaires auprès des voyageurs. Je suppose que ce serait assimilé à du vol en bande organisé (ou autre truc pour faire peur) et pas à du droit de grève, mais ça s’est déjà vu dans d’autres circonstances.
Allez, vive le droit de grève ! [3]