Depuis une semaine nous nageons dans le bonheur. Oui, ça paraît bête, jeté comme ça, une telle platitude.
Il y a quelques mois nous avons fait l’échographie qui permettait si on le désirait de déterminer le sexe de l’enfant. Nous avons évidemment désiré le savoir, curieux comme nous sommes, et avons appris avec peut-être une pointe passagère de déception que c’était un garçon. Pourquoi déçus ? Sans doute parce qu’on aime souvent un peu plus ce qu’on connaît déjà : les filles, on savait comment s’y prendre, on connaissait les travers, les avantages, comment s’en occuper. Mais, de toute façon, ce que nous souhaitions avant tout, c’était de faire un enfant (nous avions suffisamment fait d’efforts pour ça). Un de chaque c’est très bien, et il ne nous a fallu que quelques minutes pour nous en trouver ravis !
Et puis voilà, lundi dernier il est arrivé... Chaque fois on est étonné par ce sentiment à la fois de familiarité certaine (après tout, c’est l’enfant que j’ai fait avec la femme avec qui je vis depuis sept ans, il n’est donc pour l’instant, en quelque sorte, qu’un peu de chacun de nous) et d’être face à un inconnu parfait.
Un inconnu terrible qui vous fixe sans ciller, vous réduit en une seconde à l’enfant intimidé que vous êtes resté, tout au fond. Vous voilà presque incapable de parler, fasciné par ces yeux qui ne vous lâchent plus, et vous laissent au bord des larmes, incrédule et incapable de comprendre comment ce petit miracle a pu arriver, qui est là et vous serre la main avec la sienne, minuscule.
Samedi nous l’avons ramené à la maison, ainsi que sa maman. Je me suis retrouvé assis à l’endroit même où j’écris ces mots, avec ce petit bébé dans les bras, qui encore une fois me regardait, et à côté de moi ma grande/petite fille de deux ans, ma main dans les boucles de ses cheveux.
C’est dans ces moments, très précisément, qu’on prend de front, très fort, la mesure de ce qu’est le bonheur. Le vrai, l’ultime bonheur, celui qui n’est ni la richesse, ni la réussite, ni toutes ces choses qui rendent le quotidien plus agréable à vivre et qu’on nous vend pour le bonheur. Non, le superbe et durable bonheur qui est la somme de ces moments fugaces où l’on est joint à deux petits miracles par la tendresse, où l’on se sent vivant du simple fait de leur présence.
Ces moments inoubliables, qu’il faut noter pour les partager, et ne pas souhaiter autre chose à autrui que de les connaître aussi.