On passe devant un parking en bas d’une rangée d’immeubles trop blancs. C’est une caserne de CRS, et là attendent des minibus pour 8 ou 10 chacun.
Les hommes discutent, debout autour des véhicules, tous ont les jambes écartées, la virilité est volumineuse.
Ça fait cinq ans et demi que le monde a basculé devant la dernière grande épidémie, notre peste moderne à nous. Mais sans les rats. C’est plus propre.
Tout le monde a pris l’habitude de porter des masques, et cessé de se moquer des japonais à la télé. Maintenant on a compris, la prophylaxie c’est la vie comme dit Sanseverino.
L’habitude est prise, puis abandonnée.
Quelques résistants tiennent encore bon.
Restent les indécrottables qui ont le masque sous le nez, ceux qui le portent en plein air pourtant à plusieurs dizaines de mètres du premier congénère, ceux enfin qui le gardent sous le menton tout le jour. On se demande ce qui leur passe par la tête.
Je lis L’équipée malaise de Jean Echenoz. Comme toujours avec les gens que j’admire, ça déteint.