Pour moi, Jean-Claude Denis reste un mystère. Je le confonds souvent avec Martin Veyron, surtout dans sa dernière « incarnation graphique ». Ce n’est pas gentil de ne pas faire plus cas du travail d’un auteur, convenons-en.
J’avais bien tenté à l’époque de lire ses Luc Leroi, mais sans aucun souvenir vingt ans plus tard. Pas gentil non plus, re-convenons-en.
En tout cas cet album me réconcilie avec lui : sans ambition affichée, il nous gratifie d’élégantes pleines pages en incipit de chaque chapitre. Sans donner l’air de faire aucun effort, dans un média graphique il nous demande de faire travailler nos souvenirs olfactifs pour comprendre ce qu’il veut nous dire. Joli.
Bref, il y a quelque chose qui me plaît beaucoup dans cet album. Faute de meilleurs termes je ne peux que dire qu’il est acidulé, qu’il pose la question qu’on se pose tous (en tout cas me, myself and I comme on dit en anglais) : est-ce que j’ai un don particulier ?
Ça a bien dû vous arriver aussi : vous posez la question autour de vous et vous découvrez que les gens ne sont pas attentifs à quelque chose qui vous obsède, comme les ultrasons des chauve-souris, les bruits de la chasse d’eau du voisin, ou l’odeur entêtante d’un parfum.
C’est exactement là que nous emmène l’auteur : à l’endroit où l’on ne sait pas si on a quelque chose que les autres n’ont pas, ou si l’on est juste le jouet de nos fixations.
Passé une postface inattendue et savamment documentée, une fois le livre refermé, il reste quelque chose de touchant qui fait penser qu’on le relira un jour.
Ah et puis sinon
Il y a Manu Larcenet et Étienne Davodeau qui ont accepté de se prêter au jeu de l’interview croisée sur France Inter.
Comme le podcast est bizarrement caché derrière le lien RSS, je vous invite à télécharger directement le MP3, ça vous évitera de chercher.
En bref Manu Larcenet publie une adaptation/réinterprétation fantaisiste de Valérian, et Étienne Davodeau un documentaire autobiographique où il a échangé avec un vigneron. Je vous raconte ça rapidement mais depuis des années je suis très fidèle à ces deux auteurs, parce que dans l’ensemble ils sont excellents [1].