J’aime le regard amusé de cet enfant noir que j’ai croisé ce soir qui venait de courir après un insecte.
J’aime le sourire de cette jolie Berbère à qui je cède le passage.
J’aime l’amabilité de la vendeuse algérienne à qui j’ai acheté mon sandwich ce midi.
J’aime Diarapha qui est noire, pas parce qu’elle est noire (quelle importance), mais parce qu’elle est la femme de mon ami Pierre, et que j’aime Pierre.
J’aime Virgile, petit enfant dont la première année aura été marquée par ces élections présidentielles.
J’aime X, mélange de l’Asie et de l’Europe Centrale.
J’aime Y, fils de juifs.
J’aime Z, homosexuel.
J’aime les gens décents que je rencontre tous les jours.
J’aime même ces français qui votent pour des fascistes en pensant qu’ils font une bonne chose.
J’aimerais juste leur expliquer que dès le premier tour, un bulletin dans l’urne c’est un crédit simple : je vous choisis comme président de la république.
J’aime ma mère, et mon père né d’une mère italienne. J’aime mon frère et ma soeur, enfants de fils d’immigrée.
J’aime mon pays, berceau de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
J’aime l’idée de ne pas chercher de coupable à cette situation.
J’aime croire qu’on ne va pas retomber dans la chasse aux boucs émissaires.
J’aimerais croire que mon pays incarne toujours l’idéal des Droits de l’Homme.
Ce soir comme hier, comme demain, j’ai honte de l’exemple que mon pays donne aux démocraties du monde entier.
Contre nous de la tyrannie...