J’ai déjà parlé de l’Ode à Pinterest de Mona Chollet, et voilà un autre extrait :
Mais ce n’est pas forcément trop grave, pourvu qu’on conserve par ailleurs assez de rapports directs avec des êtres humains en chair et en os. Ce qui est peut-être plus troublant, c’est que les relations s’hybrident. Avant, on cloisonnait : il y avait d’un côté les gens avec qui on était en interaction directe, physique, multilatérale — amis, famille, collègues, voisins... — et de l’autre ceux qu’on connaissait de loin, artistes, écrivains, peintres, acteurs, qui communiquaient de façon unilatérale avec la masse de leur public. Aujourd’hui, on peut à la fois voir ses amis de façon plus ou moins régulière et, entre deux rendez-vous, les lire sur leur blog, ou simplement sur leur compte Facebook, où ils s’adressent à une audience plus large. C’est une manière de rester en contact avec des proches que de toute façon, par la force des choses, on voit rarement, parce qu’on n’habite pas ou plus dans la même ville ou le même pays ; mais cela peut aussi créer des trous d’air étranges dans la relation, favoriser la paranoïa, les malentendus, les illusions, et laisser chacun enfermé dans son monde.
C’est très frappant, ça : on commence par mail, puis on chatte, ou on saute par un SMS, et puis on discute de visu, et ainsi de suite (on se faisait justement cette remarque il y a quelques années avec Izo).
Pour ma part, je n’ai jamais constaté de paranoïa et d’enfermement ; je serais curieux d’avoir des exemples concrets. Par contre, j’ai bien remarqué dans les moments où on saute beaucoup d’un moyen de communication à l’autre un rapprochement fort avec la personne qui est en face.
Un genre d’intimité même à distance, en somme.