Heureux qui communique

Le téléphone portable a ceci de paradoxal qu’il irrite ceux qui n’en possèdent pas et sait se rendre indispensable à ceux qui y ont cédé. Pour une fois, je vais en dire du bien...

C’est ainsi que j’avais titré un mail destiné à mes amis, il y a quelque temps de cela, histoire de leur transmettre mon numéro de téléphone portable. C’est ainsi que Pierre Lazuly a intitulé une de ses chroniques vilipendant le téléphone portable.

Le rapprochement est amusant. Pierre pestait (avec talent, comme toujours) contre tous ces gens qui coexistent dans le même espace physique tout en étant pris par une communication téléphonique déplacée, incongrue même : un couple sur une terrasse, où le monsieur appelle ses amis et s’amuse tandis qu’elle s’ennuie comme un voyageur égaré attendant son train en retard ; les vacanciers, engoncés dans leurs voitures bourrées, piégés dans les bouchons, qui pestent contre leurs congénères les plus proches tout en appelant, au loin, chez eux, ceux qui ont le bonheur de les connaître.

’Allô chérie ?’ © Wiko

Hé bien j’affirme, moi, que le téléphone portable n’est pas qu’un gadget dont on épuise le forfait pour avoir l’impression de ne pas se faire avoir par son opérateur. Bien sûr que les communications sont quatre fois plus chères que sur un téléphone fixe, et que les amoureux qui s’appellent sur des portables transforment leur affection en pompe à fric.

Le romantisme serait donc devenu technologique et forcément coûteux ? Je ne crois pas. Toujours est-il que je suis très mobile depuis quelque temps, en vadrouille d’un lieu à l’autre. Et que ce fameux petit objet a changé ma vie —en mieux.

Moi qui persiflais sur le quidam moyen désireux d’être "joignable partout", comme si on était tous des chirurgiens de renom qui attendent qu’on les rappelle d’urgence au bloc, sur la ménagère qui papote en faisant ses courses, j’ai finalement cédé, contre toute attente, et à mon tour j’utilise le gadget.

Et c’est finalement très romantique aussi d’appeler sa chérie au moment de son réveil, quand on est déjà en chemin vers le travail, et qu’elle habite loin.

Heureux qui communique, donc, s’il communique vraiment. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse...

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