J’aurais pu jouer encore un moment au dictionnaire avec vous, mais j’ai peur de vous lasser. Et, pour être tout à fait franc, je me lasserais encore plus vite (on n’est pas loin du compte d’ailleurs : la preuve ces deux dernièers semaines où j’ai rompu le rythme hebodmadaire).
Alors voilà, pour finir cet été, d’autres mots que j’avais notés, en vrac.
Métempsycose
Je l’aime beaucoup celui-là, davantage encore pour sa forme que pour son sens (encore que, réincarnation, vie éternelle, etc., ça a son charme).
Sans avoir jamais regardé son étymologie (en voilà encore un joli mot, soit dit en passant, « étymologie »), j’aime qu’il soit un de ces rares exemples où « psy » n’est pas suivi d’un « ch ». Il faut peu de choses pour me réjouir, convenons-en.
Péremptoire
Lui est aussi dans ma liste, sans que je sache bien pourquoi, mais c’est un mot que j’emploie assez souvent, plus décoratif que « ferme » et plus utile que des périphrases à base de « il affirme. »
Nonobstant
Un jour, au détour d’un mail sur la liste Paris Web survient « nonobstant. » Et puis son son « nono » [1] est ludique à souhait. Depuis quelques semaines sa fréquence a augmenté, on se prendrait presque pour Bernard Pivot en croisade pour sauver les mots il y a quelques années.
Cordial
J’aime bien dire « prendre un cordial, » pour parler du petit verre relaxant du soir quand on a eu une journée passablement éprouvante. Mais j’ai remarqué que les gens me regardent le plus souvent avec des yeux ronds. C’est pourtant splendide d’associer la cordialité à cette douce sensation d’abandon et de chaleur d’un petit verre qui précède le coucher, non ?
Dispendieux
Oui, alors celui-là, d’accord : c’est snob. Mais franchement, entre « cher » et « dispendieux, » ce dernier associant cherté et non-nécessité (enfin je trouve), le choix est vite fait !
(À la réflexion je me demande si ça n’est pas un mot plus utilisé au Québec qu’en France, mais peut-être que je me méprends vu que j’entends souvent des archaïsmes dans le québécois, qui ne le sont que vu du français évidemment.)
Proverbe
Je suis très féru de proverbes, ces petites choses à qui l’on fait dire tout ce qu’on veut, qui sont comme un genre de poésie anonyme. Quelques-uns parmi mes préférés :
- Chat échaudé craint l’eau froide.
- À cœur vaillant rien d’impossible.
- Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse.
- À chaque jour suffit sa peine.
- Tout vient à point à qui sait attendre.
C’est joli, non ?
Capilotade
À la fin d’une journée éprouvante (voir « cordial »), je ne dis pas « j’ai le cerveau en miettes, » ou « j’ai la tête comme une pastèque » (ou une cougourde, là encore très bon potentiel poétique), je dis « j’ai la cervelle en capilotade. » Je crois que c’est un hachis, mais comme je tape ce texte dans le train, je vous laisse vérifier, vous êtes les bienvenus [2].
Gambettes
Ah, celui-là ! Quand on dit « gambettes, » on ne peut pas s’empêcher de mettre le presque-diphtongue gouailleur de Mistinguette ; il devient « gambêêêêêêttes. » Je lui préfère « jambes, » mais dans son Les mots de ma vie Bernard Pivot me rappelle qu’il existe, et c’est vrai qu’il raconte d’une certaine manière l’amour à la française.
Casse-croûte
Si tu es attaché à la langue française, ami lecteur (et je n’en doute pas sinon tu aurais quelque chose d’autre à faire que de me lire vu que je ne raconte rien en ces lignes à part mes gammes d’écriture), tu te dois de dire « casse-croûte » au lieu de sandwich.
La première fois que j’ai réalisé l’anachronisme, c’est quand j’ai mangé dans un café d’habitués, un rade de coin de gare, et le camarade qui partageait mon repas a levé le nez après avoir commandé son jambon-beurre-emmental, surpris que je demande un casse-croûte alors que, c’est connu, tout le monde commande un sandwich.
Je trouve que le mot même raconte la sensualité et l’odeur du pain frais, et la croûte qui croque gentiment sous la dent et révèle la mie savoureuse.
Seul pré-requis pour l’employer : trouver le bon rade. Quand le pain est mauvais, ce n’est pas un casse-croûte. C’est un sandwich.
Exotisme
Quand je suis arrivé en région parisienne, mon entourage se moquait gentiment de moi alors que je racontais que « Michel-Ange Auteuil, » « Molitor, », « changer à Châtelet » étaient des endroits et des expressions aussi exotiques que « Ouagadougou » ou « Papouasie-Nouvelle Guinée. » Grandir à deux cents kilomètres de Paris, c’est vivre complètement ailleurs.
Et puis, ayant emménagé à Boulogne-Billancourt [3], je passai tous les jours à Michel-Ange Auteuil et Molitor, mais mis tout de même un moment à mes les approprier.
Le point d’orgue ? Un jour un touriste me demande son chemin, je lui indique qu’il doit prendre telle ligne depuis la station de métro où nous nous trouvons, puis changer à Châtelet, puis prendre telle autre ligne. J’étais un Parisien pour de bon.
Bref
(Encore un mot amusant pour un bavard…)
Et vous, quels sont vos mots, et quelle histoire partagez-vous avec eux ?