Aujourd’hui c’est la Journée nationale de l’audition en France.
J’en profite pour faire une petite démonstration à l’usage des bien-entendants de mon entourage.
Comment tu entends ?
Je vous invite à consulter le Simulateur de perte auditive d’une clinique québécoise :
- Audition normale : parole dans le calme, parole dans un restaurant ;
- audition avec une perte légère de l’ordre de 35 décibels : parole dans le calme, parole dans un restaurant.
La perte légère est dans l’ordre des choses, elle correspond à peu près à l’audition d’une personne de 65 ans. J’ai donc 20 ans d’avance.
Un super-pouvoir ?
(J’emprunte ce terme à Stephanie, il est très vrai.)
Je suis appareillé depuis 4 ans environ, j’entends presque bien. Il y a évidemment des difficultés, souvent pas évidentes à expliquer, mais en substance :
- Les mots liés à leur contexte sont soit compris directement, soit déduits du contexte, donc ça va.
- Les mots non directement liés au contexte, ou prononcés avec un ton inattendu, ou dans le bruit, posent déjà plus de problèmes. Pas plus tard qu’hier, autour d’une livebox TV, je demande à quoi sert le bouton qui est habituellement l’interrupteur, et j’entends « Ah ça, c’est la merveille ! » Je pense que c’est une blague, qu’il ne faut pas y toucher parce que nous sommes en train de faire des tests. Je ne comprends que trois minutes plus tard que ce n’était pas « la merveille » mais « le mode veille ».
- Les titres professionnels anglais prononcés par des Français, les prénoms et les noms propres sont très, très problématiques. Aucun support dans le contexte ne peut vous aider à deviner, ça devient souvent surréaliste :
- On me présente une personne comme étant « la team lead de l’équipe ». j’ai compris « la timide ».
- Un collègue d’origine vietnamienne, Dinh : je l’ai appelé Lin pendant deux heures.
- « Voici Sandra Vnoszeefzzzzed. » Vous pouvez me l’écrire ?
Et tu veux en venir où ?
J’en viens au point important : le dépistage des troubles auditifs doit se faire le plus tôt possible.
En ce moment je teste de nouveaux appareils (des Phonak et des Widex), et j’ai découvert dans un morceau de musique une note que je n’avais jamais entendue, alors que j’ai le CD depuis vingt ans ! Le dépistage il y a cinq ans est très bien tombé, il m’a permis de m’appareiller, mais je découvre que ça doit donc faire bien plus longtemps que j’entends mal.
L’audition est un des grands chantiers négligés de la santé publique, pour un certain nombre de raisons, dont certaines que j’identifie assez aisément :
- Problème social : les appareils auditifs sont très chers (en moyenne, compter 2000€ par oreille [1]) ;
- problème de société : jusqu’à récemment, on disait « prothèses auditives », avec toute la connotation « handicap visible et matérialisé » que ça comporte ;
- problème individuel d’acceptation : je ne suis pas si vieux, je ne suis pas sourdingue, donc je n’ai pas besoin d’appareils.
Aucune de ces raisons ne doit vous empêcher de faire au moins un dépistage, vous saurez toujours à quoi vous en tenir. Faites-vous faire un audiogramme !
Une dernière note
Méfiez-vous des « supermarchés de l’audition ». J’hésite à donner des noms, mais une grande chaîne de l’audition, qu’on voit beaucoup faire de la pub, a tenté de me refiler des appareils pas adaptés (je vous raconterai ça un de ces jours).
Comme j’aime faire jouer la concurrence, j’ai opté pour Marc Boulet Audition, et j’ai affaire à une professionnelle accueillante, ouverte aux remarques et très attentive autant à la qualité de mon expérience qu’à mes retours. Ça ne peut pas faire de mal de vous dire tout le bien que je pense de ce cabinet !
Mise à jour : Si vous avez raté les dépistages gratuits un peu partout en France, voilà la procédure la plus simple.
- prenez rendez-vous chez un oto-rhino-laryngologiste (le mien est à l’hôpital public, garantie assez forte d’un tarif conventionné) ;
- à la suite de l’audiogramme, l’ORL vous dira directement si vous devez faire une démarche ultérieure ou si tout va bien.