J’ai failli vous parler technique
Je voulais prendre des heures pour vous faire une carte de voeux en Flash, avec un moyen d’activer une audiodescription, un truc qui ferait interagir Flash et Javascript, pour montrer aux incrédules que c’est relativement simple même pour un clampin comme moi.
J’avais déjà une bonne idée de ce que je voulais réaliser, y compris de l’apparence visuelle, de son accessibilité, des éléments d’interface, etc.
Et puis non.
Revenir au vivant
Au lieu de ça, ces quelques jours de vacances auront été un moment en famille, simplement.
Au lieu de rester au chaud, décider d’aller regarder la nuit tomber à l’orée des bois, dans le froid mordant, regarder les enfants trottiner et se prendre les pieds dans les cailloux qui dépassent du chemin, faire un vol de trois pas avant d’atterrir sans mal et on ne sait trop comment sur la terre gelée.
Casser la glace des flaques pour regarder comment c’est fait, voir que ça ne fond pas dans le froid ni au travers des gants épais.
Un autre jour, au chaud, faire des dessins, des sapins et encore des sapins, et les décorer d’arabesques farfelues, de boules en forme de cerises et de gribouillis zigzaguants en guise de guirlandes.
La grande nous gratifie de Pères Noël approximatifs, des bonshommes patates tracés en rouge. Des cadeaux coiffés de phylactères (« là, c’est l’étiquette qui dit que c’est pour moi »).
Le petit y va d’une grosse spirale aplatie, dérape sur la toile cirée qui est justement là pour ça. Il faut bien apprendre.
Un autre jour encore, on s’agite autour de la Wii, à mettre K.O. son grand-père à la boxe, à agiter la télécommande et à voir une épée-laser tout casser d’un décor en Légo (« agad’, Papa, agad’, Maman »).
(Oh bien sûr on pique des colères, un peu tous les jours, pour savoir jusqu’où aller et, de temps en temps, à cause d’une saine fatigue. La plupart du temps on ne fait que son métier d’enfant...)
Un après-midi, on se blottit dans les bras des parents, chacun son tour, devant un dessin animé.
Et puis on s’extasie devant un parterre de cadeaux au matin de Noël (il faut dire qu’on ne parlait plus que de ça depuis trois jours), et des « il est fort en cadeau le Père Noël » et des « costaud comme mec, ce Père Noël » [1].
On passe la journée à s’exclamer devant un circuit, à jouer inlassablement à la marchande. À rire, beaucoup.
Alors bon, au milieu de toute cette petite agitation, Flash, Javascript, éléments d’interface, audiodescription...
L’année qui se termine a été chargée, pour un certain nombre de gens de notre entourage, de son lot de tristesse : séparations, divorces, maladies sournoises et implacables, décès pour finir.
Serrez les dents, pincez-vous : vous êtes bien vivant. Quoi qu’il soit arrivé cette année, il reste encore en réserve beaucoup d’amour, de bonheur pas encore passé, du bon vin, des tablées bruyantes, des claques dans le dos, des taquineries et des rires éclatants.
Vous respirez cet air qui vous pique la gorge, et vous vous demandez une fois encore pourquoi vous êtes sorti ? La réponse est là : pour rentrer ensuite au chaud et souhaiter à tous une bonne année 2009. Tout simplement.