J’en étais resté à Batman : Year One. Quelle surprise !
David Mazzuchelli nous livre avec Big Man un récit étonnant, tant graphiquement qu’au niveau du scénario. La façon qu’il a de poser les aplats de couleurs, mon dieu ! Et l’encrage un peu épais n’est pas sans rappeler Le silence de Malka, de Pellejero et Zentner.
Le début de cette histoire fait penser aux Voyages de Gulliver de Swift : un inconnu échoué sur une plage, et dont la taille est différente des indigènes. Evidemment, les proportions font plus penser à Hulk qu’à Gulliver face aux Liliputiens.
Mais loin de moi l’idée d’accumuler les rapprochements : en soi, cet album vaut le détour. Il porte en filigrane une réflexion sur la création —ce que le fermier appelle Dieu— et sur les "erreurs de la nature".
Sans forcer, on lit dans cette histoire une réflexion sur la tolérance. Qu’est-ce que la différence ? Qu’est-ce qui fait qu’un homme appartient à une communauté ? Ou pas ? Faut-il se baser sur des critères physiques ? Ainsi ce "grand homme" aide du mieux qu’il peut, et alors que les gens de la communauté commencent à le considérer comme l’un des leurs, la police arrive (celle qu’on avait appelée au début de l’histoire), et on revient au départ. Cet homme n’est pas comme nous.
David Mazzucchelli se garde bien de donner une morale facile. Il préfère montrer l’événement brut, dans une histoire simple, et laisser le lecteur faire son chemin, décider qui a tort ou a raison. Et c’est ce qui fait la force de cet album.