Interactions multilatérales

Causer, dialoguer, échanger : qu’importe le flacon.

J’ai déjà parlé de l’Ode à Pinterest de Mona Chollet, et voilà un autre extrait :

Mais ce n’est pas forcément trop grave, pourvu qu’on conserve par ailleurs assez de rapports directs avec des êtres humains en chair et en os. Ce qui est peut-être plus troublant, c’est que les relations s’hybrident. Avant, on cloisonnait : il y avait d’un côté les gens avec qui on était en interaction directe, physique, multilatérale — amis, famille, collègues, voisins... — et de l’autre ceux qu’on connaissait de loin, artistes, écrivains, peintres, acteurs, qui communiquaient de façon unilatérale avec la masse de leur public. Aujourd’hui, on peut à la fois voir ses amis de façon plus ou moins régulière et, entre deux rendez-vous, les lire sur leur blog, ou simplement sur leur compte Facebook, où ils s’adressent à une audience plus large. C’est une manière de rester en contact avec des proches que de toute façon, par la force des choses, on voit rarement, parce qu’on n’habite pas ou plus dans la même ville ou le même pays ; mais cela peut aussi créer des trous d’air étranges dans la relation, favoriser la paranoïa, les malentendus, les illusions, et laisser chacun enfermé dans son monde.

C’est très frappant, ça : on commence par mail, puis on chatte, ou on saute par un SMS, et puis on discute de visu, et ainsi de suite (on se faisait justement cette remarque il y a quelques années avec Izo).

Pour ma part, je n’ai jamais constaté de paranoïa et d’enfermement ; je serais curieux d’avoir des exemples concrets. Par contre, j’ai bien remarqué dans les moments où on saute beaucoup d’un moyen de communication à l’autre un rapprochement fort avec la personne qui est en face.

Un genre d’intimité même à distance, en somme.

Commentaires

  • Sacrip’Anne (23 avril 2013)

    Je ne vois pas DU TOUT ce que tu veux dire ! :D

    (En accord total avec ce billet, donc)

    Répondre à Sacrip’Anne

  • Rudy Rigot (23 avril 2013)

    Pareil, lorsque j’entends le très populaire "la technologie, les réseaux sociaux, les textos, les nouveaux moyens de communication... au final, ça éloigne les gens !", je demande toujours des exemples, et personne n’a pu vraiment me renseigner.

    Au contraire, je ne me sens ni plus proche ni plus éloigné des gens que je vois fréquemment, mais pas mal plus proche des gens que je vois rarement, ou jamais. Donc en moyenne...

    Je pense que le commentaire était valide lorsque la technologie était fortement représenté par des media unilatéraux, à faible interactivité (radio, télé, ... tous ces trucs que je n’aime pas parce que là, je le ressens, l’enfermement). Finalement, les nouveaux moyens de communication, c’est un peu la vengeance du progrès, qui crie haut et fort : "hé non, vous voyez, qu’on n’altère pas la communication, au contraire !"

    Malheureusement, le discours des gens n’a pas toujours changé pour autant.

    Répondre à Rudy Rigot

  • Emmanuel (23 avril 2013)

    Rudy Rigot : j’ai un exemple :
    http://emmanuel.clement.free.fr/blog/index.php/post/2012/06/11/Sans-importance

    Et puis je pense qu’il y en a d’autres, en fouillant du côté de la capacité à attendre, à prendre le temps, à s’ennuyer, à moins rechercher la sollicitation permanente.

    À côté du billet de Stéphane, dans mon aggrégateur, je lis cet autre billet, et j’y vois un lien : http://www.troisiemevoie.com/troisiemevoie/2013/04/nourrir-la-matrice.html

    Allez, ce midi je file poster une lettre 🙂

    Répondre à Emmanuel

  • Stéphane (24 avril 2013)

    Emmanuel : le billet de Joe Kraus est ouvert dans mon éditeur depuis un bon moment, la traduction en français est en cours de relecture. Tu ne pouvais pas mieux tomber !

    Répondre à Stéphane

  • Rudy (24 avril 2013)

    Emmanuel : Ah, pas mal, l’exemple ! Rapprochement des énergumènes tout partout, donc, mais parfois au détriment de l’énergumène qui est juste là à côté.

    En moyenne, pas plus d’éloignement, donc, mais des relations "de visu" potentiellement gâchées.

    Après, la scène quotidienne décrite ne me choque pas trop, le vrai danger serait dans les cas d’excès : trop de contacts virtuels, au détriment excessif des contacts de visu. Mais je ne me rends pas compte de la fréquence de ce type de cas, si c’est un vrai danger sociétal, ou une condition marginale.

    (oui, il est bientôt minuit, c’est une heure suffisamment tardive pour s’autoriser à utiliser des mots comme "sociétal" !) ;)

    Répondre à Rudy

  • Emmanuel (25 avril 2013)

    Rudy : j’ai tendance à m’en rendre beaucoup (trop ?) compte car je ne possède pas de terminal mobile 🙂 C’est devenu une "normalité" à laquelle je ne me fait définitivement pas. Je dois avoir un problème sociétal 🙂

    Répondre à Emmanuel

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