Jeudi 38, vendredi 39

Le temps passe, le temps est mauvais, prenons le temps...

La neige a commencé à tomber sur la région parisienne. J’évoque les copains qui habitent Montréal et d’un seul coup, cette minime couche paraît bien négligeable.

Comme un imbécile d’adulte sérieux et raisonnable, je maugrée déjà en pensant que ce soir ma voiture va rester à la gare et que je suis bon pour rentrer à pied à la maison.

Et puis en attendant l’ouverture de l’école, je vois les enfants qui courent partout en hurlant de joie. La langue tendue vers la neige qui tombe, ils bondissent, frottent le demi-centimètre pas piétiné en glapissant « On va faire des bonhommes de neige ! On va faire des bonhommes de neige ! » [1]

Même une usine, sous la neige, ça devient joli

Alors j’oublie ma voiture deux minutes, j’oublie que je vais encore glisser sur les passages piétons, j’oublie pour un instant le fait que demain à six heures du matin je serai dans un taxi qui tentera de m’emmener vers une autre gare, vers un train dont le départ n’est plus sûr, j’oublie que toute la région, comme toujours au premier centimètre de neige, va rouler au ralenti, dans la peur panique de la glissade.

Je dépose mes enfants, et je sens sous mes pieds, plus que je ne l’entends, la neige qui crisse. « Crisser, » voilà bien un verbe désagréable. Ce qui crisse pour moi, c’est le verre pilé, les miettes tombées par terre après un repas ; crisser n’est finalement pas si agréable. En réalité, la neige sous les pieds croutche. (Au passage, j’envie l’anglais et sa facilité à faire des néologismes, à transformer des onomatopées en verbes, des verbes en noms, etc.)

De la neige sur la voie de chemin de fer

Je me dis que demain je ne verrai pas mes enfants, de toute la journée ; parti trop tôt, je reviendrai trop tard et ils dormiront, eux qui se faisaient une joie de me faire un gros bisou et de me chanter « joyeux anniversaire. »

Demain j’ai trente-neuf ans, et je sais qu’un adulte ne dit pas que la neige croutche. Elle crisse, c’est net, précis, établi, inébranlable comme un dictionnaire de l’Académie Française.

Tant pis, j’ai décidé depuis longtemps qu’on peut (qu’on doit [2]) être alternativement un enfant et un adulte. Chaque chose en son temps.

Notes

[1Oui, quand on est enfant, on dit « des bonhommes » et pas « des bonshommes », et c’est très joli dans un gazouillis.

[2Au grand dam de mon entourage professionnel, vous dira-t-on parfois :)

Commentaires

  • STPo (17 décembre 2009)

    Ca croutche !

    Répondre à STPo

  • Nicolas Hoizey (17 décembre 2009)

    T’es sûr que c’est pas plutôt « scroutche », avec un « s » ? 😉

    Tiens, juste pour le plaisir, à se passer en boucle, des bruitages climatiques, dont les pas dans la neige...

    Répondre à Nicolas Hoizey

  • Stéphane (17 décembre 2009, en réponse à Nicolas Hoizey)

    T’es sûr que c’est pas plutôt « scroutche », avec un « s » ?

    Tu as un accent parisien toi, non ? :)

    Répondre à Stéphane

  • sanvin (17 décembre 2009)

    +1 pour le CROUTCHAGE !!

    Répondre à sanvin

  • Cédric (17 décembre 2009)

    ah tiens, j’ai cru que t’avais la grippe et que ça empirait. Mais non, c’était pas ça, donc.

    Sinon, moi c’est 38 mercredi prochain ...

    Répondre à Cédric

  • Nicolas Hoizey (17 décembre 2009, en réponse à Stéphane)

    Francilien, pas parisien, nuance ! 😉

    Répondre à Nicolas Hoizey

  • Stéphane (17 décembre 2009, en réponse à Cédric)

    Sinon, moi c’est 38 mercredi prochain

    Ah déjà ? Bon si j’oublie mercredi, bon anniversaire d’avance !

    Répondre à Stéphane

  • Anonyme (17 décembre 2009, en réponse à Stéphane)

    oulalah... tous ces gamins :)

    Alors je vais vous dire un secret : même à 45 on peut en avoir encore 5 ( c’est même super facile, et quand on te demande si ta maman est là, au téléphone, c’est que du bonheur. )

    Zoyeux niversaire -1 et que la neige croutche encore, encore, et toujours ...

    Répondre à Anonyme

  • Daniel Glazman (17 décembre 2009)

    Tata Ségo aurait dit "la croutchitude de la neige, c’est de saison".

    Répondre à Daniel Glazman

  • Christophe C (17 décembre 2009)

    Trop content d’être encore sous la quarantaine il a fallu (tu as du !) l’annoncer un jour avant ;)) Alors bon anniversaire en avance !

    Répondre à Christophe C

  • Marie (17 décembre 2009)

    Salut "Sale Môme", ici aussi ça croutche...et tu as bien raison de rester un temps enfant la vie passe trop vite et parfois de se sentir insouciant, de faire les "fous", ça fait un bien fou...quant aux loulous si ils sont couchés quand tu rentres dis toi que tu les auras tout le weekend avec toi pour aller croucher dans la neige si elle est encore là...et moi je ne te souhaite pas tes 39 balais today, demain est un autre jour...si ce n’est pas en direct ce sera par messagerie.
    En attendant SSSSScroutche bien...Ta Grande soeur comme disent les pioupioux, avec ou sans X, on s’en fiche on est des gamins... lol

    Répondre à Marie

  • azerttyu (18 décembre 2009)

    Je viens d’avoir la chance de voir aussi un manteau blanc au reveil :)

    Pour ma part je me porte en faux, la neige ne croutch pas mais skreuutch

    Mais bon moi je suis du sud, on a un accent pas pareil :p

    Répondre à azerttyu

  • Stéphane (18 décembre 2009, en réponse à azerttyu)

    Mais « skreuutch » ce n’est pas un verbe alsacien plutôt ? La présence du "k", les deux "u", la terminaison irrégulière... Tu es dans le Sud de la région frontalière avec l’Allemagne, avoue ?

    Répondre à Stéphane

  • azerttyu (18 décembre 2009, en réponse à Stéphane)

    Mais non, tu es trop terre à terre :)

    Tu sais bien que nous enfants adorons les z, k et autres petites lettres phonétiques. Ces lettres nous vont bien plus voyager qu’un i sédentaire i ou un e qui s’aggripe à tout.
    Aussi il ne faut pas oublier de donner le temps aux lettres de se rouler dans la neige, autrement le u s’ennuierait.

    Répondre à azerttyu

  • Anonyme (19 décembre 2009)

    M. Scrooge il aime bien que la neige croutche.

    A peine ai-je franchi les 37 que tu en es déjà à 39, décidémment je crois que je n’arriverais jamais à combler mon retard sur le grand enfant que tu es.

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  • Anonyme (21 décembre 2009)

    zanniversaire stéphane

    Répondre à Anonyme

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